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n’avons pas les élémens d’une comparaison entre la productivité du mineur, autrefois, et sa productivité, aujourd’hui, dans le bassin de la Loire, puisque les catégories ne correspondent pas des documens historiques aux documens contemporains. Néanmoins, approximativement et à titre d’indication, cette comparaison, nous pouvons peut-être la faire, en nous fondant sur les renseignemens particuliers qui nous ont été fournis pour la région du Nord et du Pas-de-Calais. Si l’on se rappelle que là, dans le Pas-de-Calais, la production quotidienne du mineur, de l’ouvrier à veine est d’environ 2 tonnes 100, et, par conséquent, sa production annuelle, de 600 à 630 tonnes ; si, d’autre part, l’on remarque que la moyenne de production est un peu plus faible dans la Loire que dans le Nord, il reste que la productivité du pic ou du piqueur, dans le bassin de la Loire, a à peu près doublé depuis 1709[1].

D’autres chiffres, relevés çà et là, dans le même bassin, viendraient à l’appui de cette observation, quoique inégalement, à cause de l’inégalité des conditions de milieu, suivant que les couches ont une épaisseur, une puissance de 1 mètre, de 2 mètres, de 4 ou 5 mètres, de 6 mètres ou même de 12 mètres, comme il s’en rencontre dans la Loire, et suivant les méthodes d’exploitation dont quelques-unes, qui n’étaient pas toujours les meilleures, telles que celle des chambres d’éboulement, pouvaient sur l’instant forcer le rendement, tout en ruinant la mine. C’est ainsi qu’aux mines du Forez, en 1782, la production journalière d’un ouvrier était évaluée, dans ce qu’on appelait la Réserve, à huit bennes de 120 kilos, ou 960 kilos ; hors de la Réserve, à six bennes, ou 720 kilos de charbon. Il est d’ailleurs difficile de dire s’il s’agit ici de piqueurs, d’ouvriers du fond, ou d’ouvriers sans distinction, car le texte n’est pas très clair. Mais, en 1787, à Roche-la-Molière, où nous savons qu’il y avait 50 ouvriers du fond, ces 50 ouvriers ne produisaient par jour que 110 bennes de 147 kilos, soit environ 325 kilos chacun. En revanche, à Firminy, en 1795, les piqueurs seraient allés jusqu’à faire des abatages de 3 tonnes à 3 tonnes et demie par poste ; et ce résultat serait supérieur aux plus brillans résultats d’aujourd’hui ; mais, à supposer même qu’il n’y ait rien à en déduire, on ne l’obtenait que dans les grandes couches, c’est-à-dire très

  1. Voyez E. Leseure, Historique des mines du département de la Loire, p, 30.