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LÈS CEUX VIES, 103 des hypothèses, heureusement. C’est pénible, je le sais... Un peu de courage... songez que nous allons être au bout! Songez que dans trois semaines au plus votre divorce sera prononcé et que, deux mois après, la transcription le rendra irrévocable. Maintenant, chez Dutoil : le dos du cocher se raidit, — tou- jours impeccable, — mais son fouet est plus nerveux; ça com- mence à l’ennuyer, ces va-et-vient, et il n’aime pas qu’on fatigue les chevaux; d’abord, M""" Le Hagre n’est pas sa maîtresse... il est au service de M"’" Favié ; il y a une nuance. Le docteur va se mettre à table: il constatera, quoi? Le refus de Le llagro... Il ira de nouveau, si elle l’exige, chez ce... monsieur,... accom- pagné d’un huissier?... Mon Dieu, si elle y tient!,.. Mais cela ne fera qu’envenimer les choses, tandis que demain... Elle le sent refroidi, lemotion de tout à l’heure s’est évaporée... Chacun a sa vie, ses occupations... Allons, à la maison! Les chevaux sentent l’écurie et trottent haut. IM""" Favié, quelle trouve dans un état d’agitation affreuse, au premier mot, s’écrie : — C’est cela, allons-y, j’entrerai seule, tu mattendras dans la voiture... Toujours, alors ! Attendre, les bras croisés, ces bras qui se tendent vers Josette, ces bras qui ont mal dans les jointures, ces bras qui se tordent d’impuissance. On ressort. Les chevaux résistent, et le cocher fait une vilaine tête en les cinglant, ils démarrent enfin. Rue Murillo, M""" Favié parlemente : — Comme elle est longue à revenir ! Elle a vu Josette qui a un peu de fièvre et dort. La fracture est réduite, le bras dans les attelles... Il y a une religieuse pour la veiller la nuit. Elle n’a vu que M"" Le Hagre, désolée. Une insomnie jusqu’à l’aube. Francine est à l’étude bien avant Herbelot. Sous ses yeux, il écrit à M^ Tartre. Au bout d’une demi-heure, un clerc toquait à la porte : — Entrez! Ah! voici la réponse : « Prévenir... mnnmuni... m’en- tendre avec mon client, mnnmum!... serez aussitôt avertis!.., mnnmum ! » Parfait. Le temps que votre mari réponde à M° Tartre, que vous fassiez prévenir M. Dutoil,... vous aurez cer- tainement, madame, des nouvelles de votre fille avant ce soir, et nous éviterons de déranger M. Trassier; ce qui vaudra beaucoup mieux... Tout se passera à l’amiable... Francine se lève et s’en va. Journée atroce : elle a une envie maladive, un besoin convulsif de voir sa fille... tout son corps