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La besogne ordinaire du piqueur ou mineur à la veine, — sa besogne essentielle par où il commence le matin, — consiste à « recouper par la base la couche de houille de façon à en faire tomber la masse la plus considérable d’un seul coup. » Si l’absence de grisou lui permet l’emploi d’un explosif, son habileté consistera à bien placer et bien diriger ses trous de mine. De toutes manières, à coups de pic ou à coups de mine, il s’agit de faire tomber le plus vite possible la plus grosse masse possible de charbon. « C’est l’heure pénible du travail. Au moment de faire tomber la masse minée ou sous-cavée, l’équipe s’écarte du chantier, pour n’en revenir que quand la poussière et la fumée se sont dissipées. C’est généralement aussi le moment de déjeuner, vers huit heures du matin. A la rentrée au chantier, le travail change ; il faut concasser les blocs, trier les pierres, faire glisser le charbon, le charger dans les wagonnets, placer rapidement quelques bois pour tenir le toit, dégager les parties de la couche qui n’ont été qu’ébranlées. Le travail se fait debout quand l’épaisseur des couches le permet ; le chef de taille, seul responsable, mais, aussi, certain de bénéficier seul du soin qu’il apporte à son travail, s’il n’y a pas une équipe distincte qui vienne succéder le soir à la sienne, portera son attention à tout bien préparer pour la journée du lendemain ; puis, la lâche faite, le front de taille dégagé, il remontera au jour vers une heure et demie ou deux heures[1]. »

On sait ce qu’est chargé de faire le hercheur ou routeur ; et pour les boiseurs, raccommodeurs, mineurs au rocher, remblayeurs, arrivés au fond, « tous ces ouvriers se répandent par petits groupes partout où leur présence est nécessaire. » Ce qu’on demande à la plupart d’entre eux, ce n’est pas « un travail uniforme périodiquement répété, » mais « un travail individuel laissé à leur expérience et à leur habileté professionnelle ; les uns remplaceront les bois cassés le long des voies, les autres changeront ou recaleront les traverses de chemins de fer, d’autres remplaceront quelques cadres d’une voie qui se sera affaissée. Les mineurs au rocher feront sauter les quartiers de roches qui gênent le travail des chantiers de houille et, avec les débris, construiront des murs de soutènement qui

  1. Observations présentées par M. Grüner, secrétaire du Comité central des houillères, à la Commission du travail de la Chambre des députés, séance du 6 novembre 1901.