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« Une fois rendu, chaque ouvrier reprend ses outils, sonde le toit pour voir si aucune plaquette ne menace de tomber, s’assure de la solidité des bois placés par lui la veille ou par le boiseur dans la nuit ; puis, après ces quelques minutes, trois quarts d’heure ou une heure après son arrivée à l’orifice du puits, le mineur commence à abattre le charbon… »

Et voici la journée du piqueur ou de l’ouvrier à la veine :

« Descente vers 4 h. 1/2 ;
« Arrivée au chantier vers 5 h. 1/4 ou 5 h. 1/2 ;
« Travail de 5 h. 1/2 à 8 h. (soit 2 heures et demie) ;
« Déjeuner (briquet) de 8 h. à 8 h. 1/2 (ailleurs, vers 9 h.) ;
« Travail de 8 h. 1/2 à 1 h. (soit 4 heures et demie) ;
« Retour vers le puits et remontée de 1 h. à 2 h.
« Il y a donc, dans le Nord, 9 heures à 9 heures et demie (en moyenne 9 heures un quart) de présence au fond et, sur ce temps, 7 heures à 7 heures et demie de travail effectif.
« Remonté au jour, lavé, habillé, le mineur dîne vers 3 heures et jouit de quelques heures de liberté jusqu’à 7 heures, où il soupe pour se coucher après. »

Quant aux hercheurs ou rouleurs, « le hercheur descend une heure plus tard (que le piqueur), car, pour qu’il puisse commencer son travail, il faut qu’il y ait du charbon abattu. Mais, comme, en quittant le chantier, le piqueur laisse encore du charbon à charger, le hercheur doit prolonger sa journée, et attendre que la montée du charbon, interrompue un moment par la sortie des piqueurs, puisse être reprise et achevée ; pour lui, la sortie se fait deux heures plus tard, la journée est plus longue en moyenne d’une heure. Mais, vers 4 heures, il est libre, à moins que quelque incident n’ait retardé la sortie du charbon. Lui aussi, a quelques heures de liberté le soir avant l’heure du coucher[1]. »

Pour ce qui est des boiseurs, des raccommodeurs, des mineurs au rocher et des remblayeurs, leur équipe mélangée descend aussitôt qu’est remontée l’équipe au charbon, vers 2, 3 ou 4 heures d’après-midi ; elle remonte à son tour vers minuit ; sa journée dure, par conséquent, de 8 à 9 ou 10 heures[2].

  1. « La journée des enfans et des jeunes ouvriers n’atteint le plus souvent, en travail effectif, que 66 pour 100 environ des ouvriers proprement dits. » (Mines de B…).
  2. D’après la publication de l’Office du travail. Salaires et durée du travail dans l’industrie française, t. IV, p. 76, tableau XI, la durée du repos principal journalier dans les « mines » (non plus seulement les « mines de combustibles ») aurait été d’une heure pour 44 établissemens, de plus d’une heure pour 17, inconnue pour 5.