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enquête poursuivie par l’administration des Mines[1], — d’où il appert que cette conclusion peut être étendue et généralisée très légitimement. En ce temps-là, il y a dix-sept ans, les 124 327 ouvriers mineurs de France se répartissaient ainsi : ouvriers du fond ou de l’intérieur, 89 209, soit 71.75 pour cent ; ouvriers du jour ou de l’extérieur, 35 118, soit 28.25 pour 100. Pour les ouvriers du fond, et sur tout l’ensemble de la population minière, c’était de seize à vingt ans et de vingt-six à trente (comme nous l’avons déjà remarqué plus particulièrement dans le Pas-de-Calais et dans la Loire) que les proportions étaient les plus fortes : de seize à vingt ans, 13 296 ouvriers, soit 14.90 pour 100 ; et, de vingt-six ans à trente, 13 242 ouvriers, soit 14.85 pour 100 (le niveau repris). Pour les ouvriers du jour, 5 555, 15.80 pour 100 de seize à vingt ans, et, de trente et un à trente-cinq, 4 003, 11.40 pour 100.

Pour les uns et pour les autres, au-dessus de cinquante-cinq ans, la proportion tombe si brusquement qu’on peut dire qu’elle se précipite : ouvriers du fond, de cinquante-six à soixante ans, 2.80 pour 100 ; puis, de cinq ans en cinq ans, jusqu’à quatre-vingt-cinq ans, successivement 1.05, 0.55, 0.14, 0.015, 0.005 pour 100 : quasiment rien. Ouvriers du jour, même marche, même descente : 4.70, 2.30, 1.24, 0.40, 0.185, 0.025 : ici l’on touche le néant, marqué par deux ou trois zéros. Quoi d’étonnant, d’ailleurs, à quatre-vingt-cinq ans ? Il ne reste que 11 ouvriers (3 du fond et 8 du jour) sur environ 125 000. Mais cela, ce n’est point le sort du mineur, c’est la loi de l’homme. Sur 100 hommes de toute profession et de toute situation sociale, combien en reste-t-il à quatre-vingt-cinq ans ? Etudiant, en vue de dispositions législatives possibles, la condition de l’ouvrier des mines, ce qu’on ne doit pas oublier, c’est que, dès l’âge de cinquante-cinq ans, les ouvriers du fond ne sont plus que dans une proportion de 4.85, et ceux du jour, dans une proportion de 6.60 pour 100, qui vont sans cesse s’abaissant jusqu’aux approches les plus voisines de rien du tout.

Tels étaient les chiffres, tels étaient les faits en 1885 ; et il semble que, depuis lors, grâce surtout aux perfectionnemens de l’outillage, la situation se soit améliorée : tandis qu’en 1885, la proportion des mineurs de cinquante-six à soixante-cinq ans, ouvriers du fond et du jour confondus, était de 4.70 pour 100,

  1. Voyez Annales des Mines, 1885, p. 352.