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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.


Dimanche, 20 juillet, M. Combes, président du Conseil, est allé à Pons, petite ville de la Charente-Inférieure dont il est maire, et il y a prononcé un discours. Parlant d’une loi récemment votée avec la liberté qui convient à un citoyen, il a déclaré que, s’il n’était pas ministre, il n’hésiterait pas à dire qu’elle était funeste, injuste, en un mot une loi de discorde civile. On croira sans doute qu’il s’agissait de la loi sur les associations : point du tout, c’était de la loi sur les boissons. Au milieu de ses électeurs, qu’elle lèse, M. Combes ne se préoccupait que de cette dernière. Quant à l’autre, celle dont l’application arbitraire et brutale produit en ce moment en France une si profonde et si légitime émotion, il en a fait l’éloge dans les termes les plus dithyrambiques, et il a déclaré qu’il n’avait accepté le pouvoir que pour l’exécuter.

Nous nous rappelons un ancien ministre de la Guerre qui s’appelait le général Thibaudin : c’était un pauvre homme dans tous les sens du mot. Faute d’un homme de bonne volonté qui voulût bien se charger de cette tâche, il avait accepté d’être ministre de la Guerre pour exécuter la loi qui mettait les princes hors de l’armée. Sa besogne faite, on le mit lui-même à la porte, en rougissant un peu d’avoir eu besoin de ses services. Nous ne commettrons pas l’injustice de comparer M. Combes à M. le général Thibaudin : il est plus intelligent, et aussi plus responsable. Mais l’œuvre qu’il accomplit n’est pas plus relevée que celle de l’autre. On comprend aujourd’hui que M. Waldeck-Rousseau n’ait pas voulu s’y salir les mains. C’est de lui, sans doute que vient tout le mal, puisque c’est lui qui a fait voter la loi du 1er juillet 1901 : seulement, quand il a fallu l’appliquer, il a pré-