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exclusivement de sucs végétaux. L’organisation de son appareil buccal l’oblige à vivre du nectar des fleurs ou du jus des fruits. La femelle seule a la faculté de sucer le sang, la trompe dont sa bouche est munie étant beaucoup plus parfaite. Il en résulte que les femelles sont, à l’exclusion des mâles, les agens de la contamination paludique. Elles empruntent à l’homme malade l’hématozoaire caractéristique de la fièvre intermittente qui circule dans ses veines et elles en transmettent ensuite les germes à l’homme sain. Il semble que le sang leur soit un aliment nécessaire pour amener leurs œufs à maturité. Ce n’est point, d’ailleurs, leur aliment exclusif. Lorsqu’il leur fait défaut, elles se contentent, comme les mâles, du suc des végétaux. Et c’est là une circonstance qui facilite leur élevage en captivité. Pour pratiquer cet élevage, on introduit les moustiques, récoltés à la manière que nous avons décrite plus haut, dans une cage en bois recouverte de gaze ou de mousseline. Dans un coin, on a placé de la nourriture, un morceau de banane, du miel ou un fruit pelé. Dans une autre partie se trouve disposé un vase rempli d’eau de marais, plus pure s’il s’agit d’Anopheles, plus chargée, au contraire, pour les cousins véritables : on y laisse flotter un morceau de bois ou de feuille morte pour permettre à la femelle d’opérer sa ponte.

Les nombreuses espèces de moustiques que l’on connaît se répartissent en douze genres dont les plus importans, au point de la vue de la propagation des maladies endémiques, sont les Culex ou cousins ordinaires et les Anophèles. C’est à ce dernier genre qu’appartiennent les agens de transmission du paludisme. Quant au genre Culex, il fournit les moustiques de la filariose (C. ciliaris) et de la fièvre jaune (C. fasciatus), ainsi que le cousin ordinaire (C. pipiens), dont la piqûre n’a point d’effet infectieux. Les espèces y sont si nombreuses qu’il y a lieu de prédire son démembrement avant longtemps. Déjà quelques naturalistes, à la suite de Theobald, en ont séparé le C. fuscialus de la fièvre jaune, dont ils ont fait le genre Stegomyia.

L’ensemble de ces genres, qui subiront peut-être, par la suite, des remaniemens plus ou moins importans, forme, dans l’ordre des Diptères, la famille des Culicidés. Elle est caractérisée par des antennes filiformes et beaucoup plus longues que la tête, tandis que les autres diptères les ont très courtes et presque imperceptibles. Ce qui les distingue encore, c’est la longueur de la trompe, rigide, cornée, qui garnit leur bouche : elle atteint ou dépasse la moitié du corps de l’insecte. La trompe est escortée de deux autres appendices, les palpes maxillaires. De telle sorte que, lorsque l’on examine le moustique