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Mais il ne gagna rien sur la Princesse. « Il fut reçu, dit Saint-Simon, comme il méritoit de l’être : elle répondit à son époux qu’elle le prioit de se persuader que jamais elle n’aimeroit ni n’estimeroit Vendôme, et de lui dire de sa part qu’elle ne parloit point, et qu’elle ne savoit pourquoi on l’avoit entretenu d’elle. » Elle ajouta ensuite à M. le Duc de Bourgogne, « que rien ne lui feroit oublier tout ce que Vendôme avoit fait contre lui, et que c’étoit l’homme pour qui elle auroit toujours le plus d’aversion et de mépris[1]. »

Ainsi, jusque dans leur union, se manifestait la différence des deux caractères, et, si l’on est touché de la mansuétude évangélique du mari, il est impossible de ne pas savoir gré à la femme de sa fierté rebelle. Ni la mansuétude de l’un, ni la fierté de l’autre ne devaient, au reste, désarmer ou réduire au silence la cabale, à laquelle de nouveaux malheurs et de nouvelles fautes du Duc de Bourgogne ne devaient donner que trop de prise. Nous reprendrons sous peu le récit des tristes événemens qui marquèrent la fin de la campagne.


HAUSSONVILLE.

  1. Saint-Simon, édition Boislisle, t. XVI, p. 251.