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Ils ne se contentaient pas de railler dans une complainte de dix-sept couplets dont le refrain rappelait celle composée dans des temps plus heureux :


La besogne
De M. le Duc de Bourgogne.


ils s’en prenaient du désastre à sa piété, à ses soi-disant scrupules. Le lendemain d’Oudenarde, s’il n’avait pas voulu livrer de nouveau bataille, c’était parce que :


Les chrétiens, dit-il, sont trop chers
Pour les envoyer aux enfers.


Pendant l’action, il n’aurait, suivant eux, point fait autre chose que se retirer dans un moulin :


Priant Dieu qu’il les eût en garde,
Et qu’il sauvât les trépassés
Qui ne s’étoient point confessés.


Ce malheureux moulin, où il est possible que le Duc de Bourgogne soit monté un instant pour juger de l’ensemble du combat, revenait encore dans une autre chanson qui se chantait sur l’air : Pierrot revenant du moulin :


Près d’Oudenarde, en un moulin,
Aux soldats il crioit de loin :
Louisot,
Louisot reviendra bientost,
Bientost reviendra Louisot,

Louisot revenant du moulin
Dit : Messieurs, je me porte bien,
Les sots,
Les sots se battoient tantost,
Tantost se battoient les sots.


Enfin, comme dernier trait, ils chantaient sur l’air des Mais :


Jeune Louisot de sainte renommée,
Soyez dévot, comme à l’accoutumée,
Mais
Mais
Priez Dieu pour notre armée,
Ne la commandez jamais.