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Ce collège avait déjà un passé fort ancien[1] : fondé en 1322 par Geoffroy du Plessis, secrétaire de Philippe V le Long, puis restauré au XVIIe siècle par suite des dispositions testamentaires du cardinal de Richelieu et uni à la Sorbonne qui s’intitulait « sa mère, » le Plessis passait pour être, de tous les collèges de Paris, celui où la discipline scolastique était le mieux observée. C’était également, au témoignage d’un contemporain[2], l’un des plus brillans établissemens de la capitale, « tant à cause des études qui y furent constamment florissantes, ainsi qu’on en peut juger par la liste des prix au concours général[3] où il a le plus de nominations, que par le nombre et la qualité de ses pensionnaires, recrutés, pour la plupart, dans la haute noblesse du royaume et des pays étrangers. »

Le collège, à bon droit, s’enorgueillissait de compter au nombre de ses anciens élèves : le cardinal de Choiseul, le marquis de Lafayette, ainsi que plusieurs professeurs illustres dans l’Université, comme Rollin, Hersan, etc.

Matériellement, il ne laissait pas non plus trop à désirer : les logemens y étaient sains, commodes, les salles destinées aux exercices publics et les cours de récréation spacieuses, bien aérées et parfaitement entretenues. Les visiteurs admiraient beaucoup le réfectoire, qui recevait la lumière du jour par un plafond vitré, ainsi que la chapelle, bâtie en 1660, et ornée d’un beau buffet d’orgue, don du cardinal de Choiseul.

En 1786, le collège du Plessis avait à sa tête un « principal » nommé M. Dupuy, docteur en Sorbonne et membre de cette société, comme l’exigeaient, d’ailleurs, les statuts de la maison. C’était sous les auspices de celui-ci que le jeune d’Elchegoyen allait faire ses débuts.

Le 31 janvier, il apprenait à sa tante les changemens survenus dans son existence : « M. d’Arjuzon n’a pas jugé à propos que je reste au collège Mazarin, parce qu’il me fallait aller aux classes d’abord, prendre mes repas d’un côté, coucher d’un autre, ce qui me donnait beaucoup d’embarras. Il me met, aujourd’hui même, au collège du Plessis-Sorbonne, rue Saint-Jacques, où j’étudierai la logique. M. d’Arjuzon s’est aussi chargé

  1. Armes du collège du Plessis : d’azur à un saint Martin d’or qui donne la moitié de son manteau à un pauvre de même.
  2. Béguillet, Histoire de Paris, 1781.
  3. La première distribution des prix du Concours général eut lieu en grande pompe le 23 août 1748.