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bras d’homme, qui sont réellement d’un autre temps, par des manutentions mécaniques, économiques et promptes. Tout a été fait et Dunkerque est aujourd’hui l’un des ports les mieux aménagés de notre pays ; peut-être même, à ce point de vue, tient-il la première place. On n’avait sans doute, pour l’établissement de bassins nouveaux, qu’à tailler en plein drap, dans le grand vide qui s’étendait à l’Ouest du chenal intérieur et qui était occupé par le bassin des chasses ; mais on y a en réalité très bien taillé, et les dispositions adoptées sont de véritables modèles.

Comme Calais, Gravelines et tous les ports de la mer du Nord, Dunkerque est entouré de larges canaux qui le mettent en communication avec le réseau des voies de navigation intérieure et constituent des réservoirs pour les eaux accumulées qui opèrent des chasses régulières dans les anciens bassins et dans le chenal intérieur. Il y a à peine un demi-siècle, le port se composait seulement du chenal, d’un avant-port et d’un port d’échouage en arrière duquel se trouvait le grand bassin à flot du commerce ; de ce dernier on passait dans le vieux bassin de la marine et dans un arrière-port. Cet ensemble constituait déjà un groupe bien ordonné et assez satisfaisant. A l’Ouest, à gauche du chenal, dans les terrains vagues qui s’étendent jusqu’à la grande ceinture de canaux qui entoure la ville, se trouvait alors un grand bassin à peu près circulaire de 20 hectares environ ; c’était un réservoir pour les chasses. A l’Est, les fossés très élargis constituaient encore un autre réservoir qui servait aux mêmes fins, séparant Dunkerque de son petit faubourg extérieur de Rosendaël, prolongé par celui de Malo, qui sont devenus tous deux des communes très populeuses, la première conservant son caractère agricole, la seconde transformée très rapidement en ville moderne, un peu trop tirée au cordeau peut-être, peuplée d’hôtels et de chalets et dont le luxe et l’importance prennent tous les jours plus d’extension. La grande ceinture d’eau, de 8 kilomètres environ de développement, qui entoure Dunkerque reçoit et conduit ensuite à la mer, au moyen d’une série d’écluses, les eaux des canaux de la Cunette, de Mardick, des Moëres, de Furnes, de Bergues et de Bourbourg, tous servant à l’écoulage et à l’assainissement de la grande plaine wateringuée et apportant leur contingent aux chasses qu’on exécute toujours périodiquement dans l’avant-port, dans le port d’échouage et dans le chenal intérieur. Les trois derniers de ces canaux sont enfin