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précises permettent, en effet, d’en fixer la valeur à la millième partie de celle de l’atome d’hydrogène. Le projectile cathodique provient donc nécessairement de la démolition de l’atome d’hydrogène.

C’est par cette série de faits et de mesures, dont le caractère de précision tient du prodige, que l’on a été amené à cette notion du démembrement de l’atome d’hydrogène, en fragmens d’atomes, sous-atomes, ou corpuscules atomiques de J.-J. Thompson. L’atome n’est plus insécable. Ce qui, pour nos prédécesseurs, était le dernier degré de la petitesse et le terme ultime de la division de la matière, est pour le physicien d’aujourd’hui un édifice compliqué, puisque la décharge de l’ampoule de Crookes en arrache des pierres, de minimes fragmens. Les forces électriques, la répulsion du pôle négatif, le choc contre la cathode, sont les forces qui ont accompli cette séparation. Les parties ainsi enlevées ne sont pas des éclats produits au hasard des circonstances, mais, au contraire, des élémens préexistans dans l’ensemble atomique. Ils ont toujours, en toute circonstance, la même masse, à savoir un millième de la masse de l’atome d’hydrogène. Ceci révèle une organisation de l’atome, dont le corpuscule atomique, le milliatome, est un constituant. Des forces extrêmement grandes relient les différentes parties de ce microcosme, forces dont la décharge électrique doit triompher dans l’ampoule de Crookes.

L’étude du rayonnement des corps radio-actifs a conduit à des conclusions analogues. De même que des particules électrisées s’échappent de la cathode dans le tube à gaz raréfié, de même des particules seraient émises par le radium, d’une manière continue, mais cette fois dans l’espace. La matière radio-active serait, d’après cela, comparable à la cathode du tube de Crookes. Elle serait le siège d’un phénomène de décomposition ou de dislocation atomique tout à fait comparable. En principe, le radium perdant ainsi, par son rayonnement, de la matière pondérable sous forme de sous-atomes ou corpuscules de J.-J. Thompson, doit perdre de son poids. En fait, bien que la charge électrique de ces corpuscules soit appréciable, leur masse est insignifiante ; la balance est incapable d’en permettre la mesure. On a calculé qu’il faudrait des millions d’années poiar que le morceau de radium perdît quelques milligrammes de son poids.

Cette dislocation de l’atome du radium n’est pas comparable