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présentés pour la transformation complète d’un port appelé peut-être à jouer un rôle décisif dans les destinées de la France[1]. Le premier consistait à prolonger très loin en mer et jusqu’à de grandes profondeurs les deux jetées actuelles ; mais il ne présentait pas, malgré l’énorme dépense, des garanties suffisantes et ne donnait aucune extension aux bassins.

Le second avait pour objet la création d’une vaste rade formée au moyen d’un grand brise-lames implanté parallèlement à la côte, et à 5 kilomètres de distance sur le haut-fond de la Bassure de Baas. C’eût été un travail analogue à la digue de Cherbourg. La dépense aurait été de 200 millions au moins et peut-être la rade n’aurait-elle pas présenté en tout temps un calme suffisant.

Le troisième consiste dans la création d’une rade extérieure formant un immense avant-port, circonscrit par deux grandes jetées enracinées à la côte, entre lesquelles doit être établi un brise-lames, de manière qu’il règne toujours un calme suffisant dans l’avant-port, dont l’entrée doit avoir lieu par deux passes.

C’est le programme qui a été arrêté, et dont l’exécution rapide et complète ferait de Boulogne un des premiers établissemens maritimes de nos côtes en état de rendre tous les services que l’avenir pourra réclamer.

Le port de Boulogne sera donc et est même déjà maintenant un port double : tout d’abord un chenal et un groupe de bassins intérieurs ; au-devant de ces bassins et de ce chenal un grand port extérieur en eau profonde.

Le chenal a 70 mètres de largeur, limité par des jetées curvilignes de longueur inégale, l’une de 700 mètres, l’autre de 500, qui conduisent à un avant-port. A la suite de l’avant-port, un port de marée de 900 mètres de longueur et de 130 mètres de largeur, présentant 1 500 mètres de quais utilisables. Le port de marée est séparé de l’arrière-port par une écluse de chasse ; il a près de 250 mètres de longueur et 110 mètres de largeur, et communique avec un vaste bassin de retenue de 60 hectares dans lequel s’emmagasinent les eaux de la Liane que l’on évacue périodiquement pour faire des chasses dans le port de marée et l’avant-port. C’était autrefois le principal moyen employé pour entretenir

  1. Documens publiés par la Chambre de commerce de Boulogne-sur-Mer, 1877.