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I

Considérons d’abord le travail à l’état normal et, si l’on peut ainsi parler, sans tomber dans le péché des « sociologues, » qui, est d’abuser des comparaisons et des métaphores en laissant croire que ce sont plus que métaphores et comparaisons, le travail en état de santé. Pour connaître le travail en état de santé, nous examinerons premièrement le travail en soi et deuxièmement les circonstances du travail. Sous la rubrique travail en soi, il faut comprendre tout ce qui concerne, tout ce qui constitue la condition de l’ouvrier : salaires et autres modes ou modes supplémentaires de rémunération du travail ; durée du travail et temps de repos ; admission, exécution, résiliation ou résolution du contrat de travail ; autres clauses de ce contrat ; ses données positives dans chaque industrie, chaque entreprise ou chaque usine, pour les deux sexes et les diverses catégories d’âge ; ouvriers, ouvrières, jeunes gens et apprentis des diverses spécialités. Ensuite, cette analyse faite pour chaque industrie examinée, chaque entreprise ou chaque usine, chaque catégorie et chaque spécialité, on fera un peu de synthèse ; on comparera ces données positives et particulières du contrat de travail aux principes généraux et aux règles légales applicables dans tout le pays à toutes les industries ; de la condition matérielle de l’ouvrier telle qu’elle lui est faite individuellement par le contrat de travail on rapprochera, dans la mesure qu’autorise une discrétion nécessaire, la situation commerciale de l’entreprise ou de l’usine, et la situation économique de l’industrie, de cette industrie, de toute l’industrie, et presque de tout le travail ; lesquelles influent et réagissent plus ou moins directement, plus ou moins puissamment, mais certainement, sur chaque point du contrat de travail particulier : salaire, durée, admission, exclusion ; sur la condition personnelle de chaque ouvrier ou ouvrière de chaque catégorie et de chaque spécialité.

Procédant de la sorte pour les mines, la métallurgie, la construction mécanique, la filature, le tissage, etc., et observant fidèlement cette méthode, nous arriverons, — nous devons arriver, — à l’approximation la plus voisine, c’est-à-dire à la notion la plus juste du travail dans la grande industrie concentrée, considéré d’abord en son premier état, le travail en état de santé,