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chaque chantier, un coefficient nouveau résultant des conditions d’extraction que la nature même lui impose.

Il était malaisé, pour ne pas dire impossible, de répondre à une argumentation aussi serrée. On ne l’essaya même pas. M. Hauchecorne constata, non sans une nuance de regret, que « la commission ne semblait pas avoir en vue de résoudre la dernière question de son programme par un règlement international. » Chacun conserva ses positions particulières en confondant son vote dans le vœu unanime « que, dans le but d’assurer la continuité de la production du charbon, on s’efforce de prévenir les grèves, l’expérience tendant à prouver que le meilleur moyen préventif consiste à ce que les patrons et les mineurs s’engagent volontairement, dans tous les cas où leurs différens ne pourraient pas être résolus par une entente directe, à recourir à la solution par l’arbitrage. »

C’était l’échec complet de la politique allemande, le triomphe de la doctrine française que M. Burdeau avait résumée d’un mot : « L’Etat n’a à jouer qu’un rôle de gardien de la liberté des personnes et de la loyale exécution des contrats. » Par le seul fait que, même en matière d’arbitrage, la Conférence se prononçait pour l’adhésion volontaire des parties, toute idée de contrainte légale ou internationale se trouvait décidément écartée.

La Conférence avait aussi à s’occuper des moyens de mettre à exécution les vœux qu’elle avait adoptés. La Suisse, toujours allante, ne proposait rien moins que la conclusion de traités entre les États qui se trouveraient d’accord, la création d’un bureau international de centralisation de renseignemens, et la périodicité de nouvelles conférences « pour assurer le développement ultérieur de la législation nouvelle, aussi bien que pour résoudre les difficultés survenues dans la pratique. » A peine formulée, cette proposition se heurta au refus hautain et dédaigneux des délégués de la Grande-Bretagne. « Même si nos hommes d’Etat, dirent-ils, avaient la volonté de contracter des liens internationaux relativement à la réglementation du travail des fabriques, ils n’en auraient pas le pouvoir : il leur est défendu de mettre leurs lois industrielles à la discrétion d’un pouvoir étranger. » Et l’on se contenta de voter, avec l’abstention de la France et de la Suède, l’échange entre les États des publications officielles, statistiques et rapports d’inspection sur la matière, ainsi que la réunion de conférences ultérieures « afin