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femmes, ainsi que du repos dominical. Nous avons dû cependant prévoir cette éventualité, mais nous entendons, dans tous les cas, réserver entièrement notre liberté d’appréciation... Il est d’ailleurs bien entendu que cet accord ne pourrait, en toute hypothèse, porter sur d’autres questions que celles qui ont été spécifiées limitativement dans le programme de la Conférence et qui doivent faire exclusivement l’objet des discussions. »

De fait, il s’agissait en premier lieu de faire un brillant exposé de la législation française : pour le repos hebdomadaire et la protection des enfans et des femmes, la matière y prêtait, la loi du 19 mai 1874, l’amélioration qui en était déjà projetée et qui est devenue la loi du 2 novembre 1892, ne nous laissant pas grand’chose à envier à nos voisins ; de la description des faits, l’onctueuse et enveloppante maestria de M. Jules Simon, la finesse toute parisienne de M. Tolain, la vigoureuse intelligence de M. Burdeau, la compétence technique de M. Linder, pouvaient tirer et tirèrent en effet, avec de beaux développemens oratoires, de très solides argumens ; si l’ouvrier professionnel de la délégation, M. Delahaye, se hasarda parfois à des manifestations trop personnelles, la sincérité de ses convictions et la haute honorabilité de son caractère lui concilièrent la bienveillance et l’indulgence générales. Si bien que la délégation française put sans peine s’associer à tous les vœux formulés sur ces diverses questions, tout en apportant un soin extrême à s’abstenir, conformément à ses instructions, chaque fois que la question de principe, le travail des adultes, se trouvait indirectement posée, même pour les femmes, même pour le repos dominical.

Au vrai, là n’était ni la difficulté, ni l’intérêt propre de la Conférence, mais bien dans les deux questions relatives aux mines. Sur ce point, les instructions données aux délégués français étaient complètement muettes : ils n’avaient qu’à s’inspirer des circonstances et de la volonté formelle de leur gouvernement de ne point favoriser les empiétemens internationaux ou législatifs sur la réglementation du travail des adultes. Pour la première de ces questions, — mines insalubres, — le programme allemand était vague ; pour la seconde, — continuité de la production de charbon, — il risquait d’être trop précis, quoique à la première réunion de la commission chargée par la Conférence d’en faire l’examen préalable, le président se fût borné à dire que « la portée en serait définie ultérieurement. » Des