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banquier, et il sourit en songeant au genre de jouets que vendait Brown.

– Cocher, vous savez où aller ? – Ma foi, non, monsieur, il y a tant de Brown ! – Un marchand de jouets.

Mais le cocher secouait la tête.

– Comment ! s’écria la petite fille, vous ne connaissez pas Brown, juste en face de l’épicier qui a ce drôle de perroquet ?

Que l’on ignorât l’existence d’un personnage aussi important, c’était pour elle invraisemblable.

– Où ça, ma petite demoiselle ? – Prenez à droite et continuez toujours à droite. – Vous me direz si je me trompe, fit le cocher. – Pour la comprendre si bien, pensa Livingstone, il faut que cet homme ait des enfans.

Après bien des détours, ils atteignirent une des petites rues où Livingstone était passé la veille et s’arrêtèrent devant une boutique fermée. Kitty jeta un cri de désappointement.

– Oh s’écria-t-elle, nous arrivons trop tard

Cependant, à travers une fente de la porte, on apercevait de la lumière. Livingstone, s’élançant, frappa de toutes ses forces à coups redoublés. Personne ne répondit. Il recommença, sans plus de succès. Alors Kitty se glissa sous son bras, la bouche contre la fente : – Monsieur Brown ! Oh ! monsieur Brown, s’il vous plaît, laissez-moi entrer, c’est moi, Kitty, la petite fille de M. Clarke.

Comme par enchantement, les verrous tombèrent et la porte s’ouvrit. Livingstone croyait voir le marchand se confondre en excuses. Il n’en fut rien. M. Brown ne fit aucune attention à lui.

– Comment, Kitty, dehors à pareille heure ?… Ne craignez-vous pas que Santa Claus ne passe chez vous tandis que vous n’y êtes pas ?

– Bah ! répondit Kitty avec irrévérence. Je le connais, Santa Claus… Je sais qui c’est depuis l’année dernière. Il s’appelle M. Brown, M. et Mme Clarke. Et, ce soir, c’est moi qui suis Santa Claus, dit-elle en indiquant d’un grand geste tous les jouets d’alentour. Voilà M. Livingstone, le patron de papa.

M. Brown tendit une grosse main familière : – Comment ça va-t-il, monsieur ? Je crois avoir entendu parler de vous. –