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vue se renouveler entre les deux systèmes de l’émission et des ondulations, cette fois c’est le premier qui l’emporte.

On considérera donc le rayon cathodique comme formé par une file de projectiles, électrisés négativement. Pourquoi se meuvent-ils en ligne droite perpendiculairement à la surface cathodique ? C’est qu’ils sont repoussés et chassés violemment par la charge électrique de la cathode.

Les mesures électro-métriques et électro-magnétiques, combinées avec celle dont nous avons parlé plus haut, — et qui permettait de calculer, au moyen de la condensation d’un brouillard le nombre des projectiles cathodiques dans un espace déterminé, — ont conduit à des résultats surprenans et dont la précision tient du prodige. C’est ainsi que l’on a constaté que le projectile cathodique a une masse toujours la même. Cette masse est égale à la millième partie de l’atome d’hydrogène.

Le projectile ne dépend donc point de la cathode, et c’est ce que déjà Crookes avait reconnu. Sa matière constituante est l’hydrogène ; M. Villard l’a prouvé sans contestation. Il provient donc nécessairement de la démolition de l’atome d’hydrogène. Celui-ci au lieu d’être le dernier terme de la simplicité et de la légèreté, — comme le croient les chimistes, — nous apparaît, en définitive, un édifice assez compliqué et assez lourd, puisque la décharge de l’ampoule de Crookes en enlève des pierres qui ne représentent que la millième partie de sa masse. Ces pierres sont les fragmens d’atome ou corpuscules atomiques de J. J. Thompson. L’atome n’est plus insécable ! Nous nous arrêtons ici et nous ne poursuivrons pas plus loin cette analyse, bien que l’état de la science le permette. Mais ce serait entrer dans l’étude de la constitution de la matière, et c’est là un sujet qui ne saurait être abordé incidemment.


III

Les rayons cathodiques n’ont aucune application pratique. Ils sont engendrés dans des conditions extrêmement particulières au sein du vide barométrique, à l’intérieur d’un vase dont il est presque impossible de les faire sortir. Nous n’aurions pas d’excuse à en avoir entretenu si longuement notre lecteur, si cette étude n’offrait qu’un intérêt de simple curiosité et une occasion de mettre en lumière la virtuosité de nos physiciens. Mais elle