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en 1793, certaines Réflexions où, le premier parmi les jacobins, il affirmait que « seule, l’instruction publique organisée sur la base du monopole, inspirée de l’esprit révolutionnaire et nettement philosophe, peut contre-balancer l’odieuse influence de la religion. » Le souple personnage qu’il était n’a point sans doute exposé sa théorie aussi crûment devant l’homme qui inscrivait « les préceptes de la religion catholique » parmi les lois fondamentales de son Université ; mais, dans la pratique, il y restreignit de son mieux l’influence des ministres de cette religion. Les vieilles rancunes de l’oratorien se réveillaient en lui, mêlées aux passions révolutionnaires, lorsqu’il signalait au gouvernement les collèges fondés par les Pères de la Foi, lorsqu’il le dissuadait d’agréger ces successeurs déguisés des jésuites à l’enseignement public, lorsqu’il obtenait enfin contre eux un arrêté de dispersion et envoyait leur chef, le P. Varin, en surveillance étroite à Besançon. Les partisans de l’éducation athée ont pu trouver depuis, dans ses écrits et dans ses actes, des leçons et des exemples utiles.

Comme, à l’encontre du chef de l’Etat, il estimait le terrorisme une simple maladie de peau et la chouannerie une affection intérieure, Fouché concentrait sur les royalistes plus ou moins déguisés son attention et son hostilité ; et en effet leur foi politique s’adressait à des idoles vivantes, tandis que celle des révolutionnaires reposait sur des abstractions dont il fallait chercher la représentation bien loin dans l’histoire. L’affaire de la machine infernale vint à point pour accréditer en haut lieu son opinion. Bonaparte, au premier moment, avait attribué l’attentat aux jacobins et telle était l’indignation que le ministre voyait alors soulevée contre ses amis qu’il crut devoir désigner plusieurs d’entre eux pour la déportation sans jugement ; cependant il poursuivait son enquête particulière et, finalement, mettait la main sur les vrais coupables, aventuriers échappés du refuge royaliste de Londres. Après avoir restreint autant que possible les radiations individuelles d’émigrés, il provoqua bien l’amnistie générale de l’an X, mais il en fit régler les conditions de manière à laisser au gouvernement et à lui-même, avec le mérite de la générosité, toutes les armes nécessaires.

Cela fait, il se montra implacable envers les impénitens hypocrites dans leur adhésion ou obstinés dans leurs menées. Leurs agences extérieures et intérieures, celle de Bayreuth et celle de