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REVUE DRAMATIQUE


COMÉDIE-FRANÇAISE : Le Roi, pièce en trois actes par M. Gaston Schéfer. — RENAISSANCE : La Vie publique, comédie en quatre actes par M. Émile Fabre. — VAUDEVILLE : Yvette, pièce en trois actes et six tableaux, tirée du roman de Guy de Maupassant, par M. Pierre Herton.


Il aurait été à souhaiter pour la Comédie-Française et pour l’auteur du Roi que cette pièce eut été jouée sans tapage. Elle aurait été écoutée jusqu’au bout, aurait eu le nombre de représentations réglementaire, et tout serait resté dans l’ordre. Seulement les choses ne peuvent plus se passer ainsi, depuis que la question des spectacles est devenue la grande affaire de la vie moderne. Les gens de théâtre recueillent les avantages d’une publicité à outrance : il est juste qu’ils en subissent les inconvéniens. Et puisque la révolution opérée dans le gouvernement de la Comédie-Française a jeté certains esprits dans un tel émoi, puisque, d’autre part, le Roi s’est trouvé mêlé à la ténébreuse affaire de la rue Richelieu, il faut bien en dire quelques mots.

On a écrit chez nous en prose et en vers un grand nombre de pièces dans le genre du Roi. On en écrit encore tous les jours ; mais le public ne s’en doute pas, parce que cela ne dépasse pas un cercle d’intimes. Un lettré, fort sensible aux beautés de nos chefs-d’œuvre, entrevoit quelque jour une idée de théâtre. Il la met par écrit, afin que cela l’amuse, et peut-être donne lecture de son œuvre à quelques amis. Ceux-ci l’entendent avec plaisir, rendent un hommage mérité aux intentions de l’auteur, à ses heureuses réminiscences, à tout ce que son œuvre dénote de noblesse d’âme et d’habituelle élévation de pensée. Mais que la pièce vienne à paraître sur la scène, devant le public, c’est alors que tout se gâte.

Mettre aux prises dans le cœur d’un roi les sentimens de l’homme et ceux du prince, il a semblé à M. Schéfer que ce pouvait être la