Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'ESCADRE DU NORD
MANŒUVRES ET FÊTES

JOURNAL DE BORD DE ***


18 août 1901. — Retour à Brest.

… Ah ! ce n’est point l’émouvante entrée de l’armée navale, l’an dernier, ce calme blanc ruisselant de lumière, ce glissement silencieux de trente-trois bâtimens sur la glace bleu d’argent, immense, profonde…

Nous ne sommes plus que deux, le Fontenoy et le Beveziers, qui viennent de Cherbourg renforcer l’escadre du Nord obligée de laisser quelques unités dans le Midi. Le temps n’est pas mauvais, si l’on veut, mais le ciel est voilé, la mer clapoteuse et grise, la brise du Nord aigre, chargée de fines vésicules de brume. Est-ce déjà l’automne que nous trouvons ici ?

Cette fois nous ne mouillerons pas si loin du port, sur le banc de Saint-Pierre. Notre place est marquée dans la rade-abri, un peu petite, mais commode déjà, encore qu’il y reste beaucoup à faire, l’aménagement du terre-plein de Lanninon, par exemple.

Nous entrons. Doublant d’assez près les musoirs, nous passons à ranger le Surcouf, éclaireur d’escadre, et longeons d’assez près le Borda, non pas le Borda de jadis, le majestueux et lourd Valmy de la guerre de Crimée, mais un Borda nouveau, l’ex-Intrépide, trois-ponts aussi, plus allongé seulement, plus moderne, si on ose le dire d’un trois-ponts… Devant nous, le