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pas, comme chez Littré, destinés à l’agrément du lecteur autant qu’à l’éclaircissement du sens des mots : ils ont exclusivement ce dernier objet. Ils ont été demandés aux classiques, d’après le plan primitif d’Hatzfeld, surtout pour attester des sens ou des emplois particuliers, difficiles, ou tombés en désuétude, et en même temps pour servir à la plus complète intelligence des classiques eux-mêmes. La majorité de ces exemples a été prise dans Littré, et il ne pouvait en être autrement ; mais il en est beaucoup qui proviennent de dépouillemens personnels ; d’autres sont dus aux lexiques qu’on a joints, depuis trente ans, aux éditions de nos grands écrivains. Une autre série d’exemples, et la plus intéressante au point de vue historique, est celle où ils sont cités, soit à l’Etymologie, soit dans l’article même, pour attester la plus ancienne apparition des mots étrangers au fonds héréditaire de la langue. Cette série extrêmement précieuse doit faire l’objet de l’attention de tous les amis studieux de notre langue : il y a naturellement beaucoup à faire pour la compléter ; mais il est très heureux que le Dictionnaire général ait donné, là comme ailleurs, une base aux recherches[1].

Il me reste à dire un mot du Traité de la formation de la langue française. Darmesteter, quand il mourut, n’en avait rédigé qu’une partie ; pour une autre, il avait réuni des notes ; pour une autre enfin, il n’avait pas commencé le travail. M. Thomas, qui devait l’achever, ne put s’en occuper avec assez de suite pendant la révision du Dictionnaire : il demanda de le suppléer à M. Léopold Sudre, professeur au Collège Stanislas, philologue déjà éprouvé, qui avait revu la Grammaire historique de Darmesteter et connaissait parfaitement sa méthode. M. Thomas ne s’est réservé que quelques chapitres d’un caractère plus spécialement lexicographique.

Ce n’est pas une tâche aisée qu’avait acceptée M. Sudre. On a vu que, d’après le plan des auteurs, chaque mot est accompagné, dans la partie étymologique de l’article, d’une série de chiffres renvoyant aux paragraphes du Traité, où doivent être

  1. Il faut rappeler ici que beaucoup des exemples inconnus à Littré et à Godefroy, surtout pour le XVIe siècle, ont été libéralement fournis aux auteurs du Dictionnaire général par M. A. Delboulle, ancien professeur au lycée du Havre, qui réunit depuis trente ans un grand recueil de Matériaux pour servir à l’historique du français.