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De quelle nature était cette modification ? L’expérience elle-même répond à la question, puisque l’extinction se produisait pour une certaine position du cristal que l’on faisait tourner autour du rayon lumineux. C’était la preuve que le rayon de lumière naturelle n’était pas identique à lui-même, dans tous ses azimuths : il n’était point symétrique autour de son axe, mais, au contraire, orienté, polarisé. Un rayon de lumière naturelle, qui, lui, ne présente pas de particularité de ce genre, qui n’est pas arrêté par le cristal, comment qu’on fasse tourner celui-ci autour du rayon, peut donc être transformé en rayon polarisé, c’est-à-dire orienté. Tel est le fait. Et, maintenant, en voici la conclusion. Dans le rayon polarisé, il faut que la vibration soit perpendiculaire à la direction du rayon, car, si elle s’accomplissait dans le sens de sa longueur, tout serait parfaitement symétrique, aucun azimuth ne se distinguerait d’un autre ; l’extinction, pour une position particulière n’aurait pas lieu. Elle ne saurait, non plus, être oblique, car elle pourrait alors fournir une composante longitudinale qui ne serait pas arrêtée par le spath et qui empêcherait l’obscurité complète. La vibration lumineuse est perpendiculaire à la direction du rayon. Et, c’est là un nouveau caractère remarquable de cette vibration. Il faut bien noter que ceci ne signifie point que l’éther ne puisse vibrer longitudinalement, suivant la direction de propagation : cela indique seulement que la vibration lumineuse n’est pas de ce type.

Les interférences constituent encore un nouvel ordre de faits devant lequel les partisans du système de l’émission ont dû se déclarer, non seulement impuissans, mais vaincus, car il est nettement contradictoire à son principe même. Tout au contraire, la théorie de l’éther lumineux y a trouvé sa plus éclatante vérification. C’est la théorie, en effet, qui a amené les deux grands physiciens, Young en Angleterre et Fresnel en France, opérant indépendamment l’un de l’autre, à prévoir les interférences : elle leur a permis d’organiser les deux expériences fondamentales nécessaires à l’observation du phénomène, à savoir l’expérience des deux fentes de Young et celle des deux miroirs de Fresnel ; enfin elle en a donné l’explication complète poussée jusque dans le dernier détail. Il n’est pas nécessaire de décrire ces expériences célèbres et d’en déduire toutes les conséquences. Il suffit d’en indiquer le principe et la conclusion la plus générale. Cette conclusion, c’est que la lumière ajoutée à la lumière