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déclare fausse, quelques pages plus loin, au chapitre de la diffraction. Nonobstant, on déduit les conséquences de ce principe suspect, et la première est la notion du rayon lumineux : c’est le nom que l’on donne à toute droite émanée d’un point de la source lumineuse, considérée comme une direction de propagation. Cette notion, à son tour, devient le fondement de toute l’optique géométrique. RI le sert à tracer les ombres portées par les corps opaques, ainsi que les images formées par les miroirs et les lentilles, et enfin à expliquer les lois de la réflexion, de la réfraction et de la dispersion.

Dans la pratique ordinaire cette manière de faire est sans inconvéniens, parce que les circonstances où la loi est en défaut sont singulières et que les erreurs qu’elle entraîne sont insignifiantes. Mais en théorie il n’en est pas de même. La loi de la propagation rectiligne était prise dans son sens absolu par Newton. Dans la lutte des deux systèmes, elle a été le cheval de bataille des partisans de l’émission : c’est elle qui a opposé l’obstacle le plus tenace à l’adoption de la doctrine de l’éther.

Newton, dans son ouvrage sur l’Optique, écrivait ces lignes que nous citons en suivant à peu près mot à mot la traduction de J. Thirion : « Les ondes formées sur une nappe d’eau tranquille glissent le long des corps solides qu’elles rencontrent, et, après les avoir dépassés, s’infléchissent, se dilatent et se diffusent peu à peu à la surface de l’eau, dans l’espace abrité par ces obstacles. Il en est de même des vibrations de l’air qui transmettent le son : elles s’infléchissent d’une manière évidente, quoique moins marquée, puisque l’interposition d’une montagne ne nous empêche pas d’entendre le son d’une cloche ou la détonation d’un canon placés de l’autre côté. La lumière, au contraire, marche droit devant elle ; elle ne connaît pas ces détours, et jamais elle n’envahit les ombres portées par les corps opaques. »

Mais Newton se trompait, en fait. Lorsque la source lumineuse est de faibles dimensions, lorsqu’elle se rapproche d’être un point lumineux, le contraste de l’ombre et de la lumière n’est pas tranché comme cela devrait être si la lumière ne faisait pas de détours. Les ombres réelles sont plus larges que les ombres géométriques ; elles sont fondues sur leurs contours et bordées de franges colorées. Les premières observations de ce genre ont été faites par le P. Grimaldi et publiées par lui en 1665. Dans