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envisager l’ensemble du phénomène à un instant précis, et l’on verra qu’alors les points successifs d’une même onde offrent toutes les phases de vibration, tous les états vibratoires par lesquels passe le centre d’ébranlement pendant la durée d’une vibration complète, c’est-à-dire pendant une période. D’autre part, on peut envisager le phénomène en un point précis, quelconque, et l’on verra que ce point, au cours d’une période, reproduira les phases qui sont représentées au même moment par tous les points d’une onde. On peut dire, plus brièvement, avec J. Thirion, que le caractère du mouvement ondulatoire c’est que la périodicité du phénomène originel se retrouve, à la fois, dans le temps et dans l’espace. Elle est la propriété caractéristique, et pour ainsi dire, la définition de l’éther lumineux. Cette double périodicité peut être exprimée, en mathématiques, par les fonctions circulaires ; et, ce sont elles, en effet, qui fournissent les équations du mouvement ondulatoire.


On vient de voir quel secours peut apporter, à l’intelligence de la théorie des ondulations, l’analyse de cet humble phénomène, futile en apparence, la chute d’une pierre dans un bassin tranquille. Il y a un autre modèle qui n’a pas été moins utile aux physiciens : c’est celui des vibrations sonores. Le son, en effet, est engendré par des vibrations et propagé par des ondes. Le mouvement se passe dans l’air, au lieu de se produire dans l’eau ou dans l’éther : il offre avec ceux qui s’accomplissent dans ces derniers milieux des analogies essentielles, et il peut donc servir à les éclairer.

Il faut lire dans les lettres d’Euler à une princesse d’Allemagne les développemens de cette comparaison entre la lumière et le son, présentés avec la précision et l’élégance qui en. font un chef-d’œuvre d’exposition scientifique. D’autre part les vibrations de l’air présentent avec celles de l’eau et celles de l’éther des différences remarquables, relatives, l’une à la rapidité de la vibration, et qui est surtout sensible en ce qui concerne l’éther ; l’autre relative à la direction de la vibration, qui se fait dans le sens de la propagation, au lieu de se faire perpendiculairement à cette direction. Aussi y a-t-il beaucoup de phénomènes lumineux qui ont leurs analogues en acoustique, et quelques autres, celui de la polarisation, par exemple, qui n’y ont pas de correspondans.