Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/665

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

place sans subir la moindre translation. Ce n’est pas l’eau qui se déplace en fuyant le centre d’ébranlement : c’est le mouvement seul qui se propage.

Quant à l’eau, ses particules se comportent comme le flotteur que nous avons imaginé et, qui n’est ici qu’un artifice pour rendre sensible à l’œil leur mouvement. Elles sont soulevées verticalement au-dessus de leur position de repos, sont abaissées ensuite au-dessous, pour y être enfin ramenées. Elles ont exécuté, en fin de compte, une double oscillation ou vibration verticale, c’est-à-dire perpendiculaire à la direction de propagation du mouvement. Les particules d’eau soulevées au même moment dans toutes les directions forment par leur ensemble un bourrelet circulaire qui fait relief ; tandis que les particules déprimées à cet instant représentent en dedans de la circonvallation saillante, un fossé circulaire d’égale profondeur : en deçà et au-delà, s’il n’y a eu qu’un ébranlement, la surface est unie. Il n’y a d’agitation, à l’instant considéré, que dans cette zone déprimée et soulevée. C’est proprement ce que l’on appelle l’onde. La largeur de cette zone d’agitation est la largeur de l’onde (on dit : longueur d’onde). Elle représente l’ensemble des parties qui sont en vibra-lion à un instant donné. Un moment auparavant, le même état de choses s’était présenté en deçà : un moment après, il se présentera au-delà. C’est un spectacle qui se transporte successivement en rayonnant du centre ébranlé : l’onde se propage.

Cette propagation de l’onde aqueuse va fournir une image de la propagation de l’onde lumineuse. C’est une raison d’y insister. L’étude attentive d’un phénomène si simple est féconde en enseignemens. On dit que Newton méditait sur la chute d’une pomme, et y trouvait l’image de l’attraction universelle ; et nous allons voir que Fresnel a découvert l’explication de la diffraction, et terminé du coup une controverse séculaire en analysant sans se lasser, et en mesurant dans ses moindres détails, un phénomène en apparence futile, capital en réalité, l’ombre d’une aiguille et l’ombre d’un cheveu. Ne nous lassons donc point d’approfondir le spectacle des ondes qui rident la surface de l’eau, et appliquons-lui les procédés de mesure.

Si, par quelque moyen, nous réussissions à mesurer la largeur de la zone, agitée, en l’envisageant à différens momens, c’est-à-dire à différentes distances du centre d’ébranlement, nous constaterions qu’elle est toujours la même. La longueur d’onde