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si je ne puis pas le faire, je ne comprends pas, et — ajoute-t-il — c’est pour cela que je ne comprends pas la théorie électro-magnétique de la lumière. » Et, en effet, il y a des modèles mécaniques pour représenter le va-et-vient d’une molécule d’éther, ce qui est le fait élémentaire, de la doctrine classique, — et il n’y en a pas, il n’y a pas d’image, pour figurer le fait essentiel, — d’ailleurs très réel certainement, — de la doctrine électro-magnétique, c’est-à-dire le va-et-vient de l’électricité en un point de l’éther, puisque nous n’avons aucune idée de ce qu’est l’électricité. Si nous admettons, avec lord Kelvin, qu’il n’y ait de clarté que dans les explications mécaniques, les théories physiques ne seront jamais claires. D’autre part, sera-t-il possible de donner une théorie véritablement mécanique de tous les phénomènes physiques ? La chose est vraisemblable ; mais, en tous cas, elle est loin de sa réalisation.


Nous venons d’esquisser, à grands traits, l’œuvre considérable — et que l’on pourrait appeler l’œuvre philosophique — de la Physique de notre temps, à savoir : l’unification des agens du monde physique. Il faut maintenant reprendre quelques détails de cet exposé pour les préciser. On peut s’appuyer, dans cet examen, sur les nombreux documens de la littérature physique spéciale ; on peut aussi prendre pour guides un petit nombre de publications d’ordre plus général, comme l’admirable petit livre de H. Poincaré sur la théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, œuvre d’un esprit lumineux et profond, et l’étude de J. Thirion sur l’analyse des radiations lumineuses, qui est aussi, en son genre, un chef-d’œuvre de clarté.

Mais la tâche ne sera pas encore complète. Il ne suffirait pas de reprendre les traits du dessin pour les accentuer : il faut compléter le tableau. La découverte des curieux phénomènes produits par les rayons X, par les rayons cathodiques, par les rayons de Becquerel et de Le Bon et par les corps radio-actifs de S. et L. Curie, posent le même problème qui vient d’être résolu pour les phénomènes plus anciennement connus. Il s’agit de savoir si ces faits, d’ordre nouveau, peuvent, eux aussi, s’expliquer par les vibrations, les déplacemens ou quelque autre modification de l’éther universel.