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surera au chiffre des électeurs qui prendront part au scrutin parmi les patrons et parmi les ouvriers. Si ce chiffre, comme tout porte à le croire, ne représente qu’une minorité parmi les syndiqués, lesquels représentent eux-mêmes une minorité parmi les ouvriers, il ne sera même pas nécessaire de soumettre la légalité de l’opération au Conseil d’État. Le Conseil d’Etat pourrait d’ailleurs se prononcer dans un sens ou dans l’autre sans que cela importât beaucoup. Les conseils du travail de M. Millerand ont fait un faux départ, ils ont trébuché dès le premier pas, ils ne se relèveront pas de l’accident. Ce n’est pas que nous nous en réjouissions, car ils auraient pu rendre des services, et nous espérons même qu’ils en rendront plus tard, si on reprend l’institution à pied d’œuvre et si on l’établit sur des bases plus larges et plus solides. L’erreur de M. Millerand est d’avoir cru qu’il suffirait à tout : lui seul, et c’était assez ! Il n’a eu besoin, ni du Conseil d’État, ni du Conseil supérieur du travail, ni des chambres. Il n’a consulté personne. Il a dédaigné les études préparatoires qui avaient été faites avant lui. On voit le résultat auquel il a abouti. Des élections enlevées par surprise devaient rendre inutile la proposition de M. Bérenger. Cette proposition, au contraire, qui est correcte, qui est loyale, qui recherche la discussion au lieu de la fuir, en un mot qui tient compte des droits de tous, se présente comme une planche de salut. Elle permettra de vivre aux conseils du travail que M. Millerand, dans son empressement maladroit, a failli tuer du premier coup.


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
F. Brunetière.