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Nous n’avons qu’à enregistrer les félicitations qu’on nous a adressées à ce sujet, sans avoir eu, au moins jusqu’ici, à relever aucune observation qui ne fût pas obligeante.

Attendons maintenant les fêtes qui se préparent. Elles n’effaceront pas celles de 1896, mais elles les égaleront, tout en présentant un autre caractère. Le sentiment que nous y apporterons sera le même. Sur quelque point de la France qu’ils se rendent, l’empereur et l’impératrice de Russie trouveront le même accueil qu’autrefois. Ils verront les populations se porter au-devant d’eux et les acclamer. Quant à notre flotte et à notre armée, l’Empereur pourra constater qu’elles n’ont rien perdu de leurs qualités et qu’elles donnent à l’alliance la base militaire qui lui est indispensable pour remplir tout son objet.


Depuis quelques jours, les rapports diplomatiques sont rompus entre la France et la Porte. M. Constans a quitté Constantinople, et on assure que Munir-bey aurait reçu ses passeports, s’il avait été à Paris : heureusement il n’y est pas, de sorte que nous n’avons pas eu à aller vis-à-vis de lui jusqu’à cette extrémité. Mais le fait reste le même. M. Constans a quitté la Turquie, Munir-bey ne rentrera pas en France : de part et d’autre, de simples chargés d’affaires remplacent les ambassadeurs absens.

Que nous ayons pleinement raison dans nos revendications contre le gouvernement ottoman, cela paraît d’autant plus certain qu’il nous a fait lui-même, à diverses reprises, des promesses formelles de régler les questions pendantes conformément à nos vues. Il n’en a pas contesté la légitimité. Il s’est contenté d’alléguer les difficultés matérielles dans lesquelles il se trouvait ; il a demandé des délais ; il a proposé toujours des combinaisons nouvelles, usant de ces procédés dilatoires qui sont si familiers à sa diplomatie, et qui ne laissent pas quelquefois d’être efficaces par la lassitude qu’ils provoquent. Rien n’est plus habituel, sur les bords du Bosphore, que de promettre et de ne pas tenir, et c’est même de là que viennent la plupart des difficultés entre la Porte et les gouvernemens étrangers. M. Constans n’a pas la patience d’un diplomate de profession : il a été excédé plus vite qu’un autre des atermoiemens sans fin qu’on lui opposait, et il a fini par lancer de véritables ultimatums, en annonçant que, s’il n’avait pas satisfaction sur tous les points à la fois, et à telle date précise, il quitterait Constantinople. Quand on a fait une menace de ce genre, il faut l’exécuter ; c’est ce qu’a fait M. Constans. Personne ne lui reprochera le sentiment qu’il a éprouvé, et M. le ministre des Affaires étrangères