Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/877

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« des Passagers, » où accostent les bateaux à vapeur qui l’ont plusieurs fois par jour la navette avec le Havre et qui embarquent ou débarquent annuellement plus de 200 000 voyageurs ; l’ancien et le nouvel avant-port, précédés par des jetées qui s’avancent en mer à 400 mètres et assurent au chenal une largeur minimum de 60 mètres. Les trois bassins à flot de l’Ouest, du Centre et de l’Est communiquent chacun directement avec un des trois compartimens de l’avant-port et ont une superficie totale de quatre hectares et demi et un développement de quais accostables de 1 500 mètres. Le quatrième bassin à flot communique avec le bassin de l’Est et est spécialement affecté au débarquement des bois du Nord. Le bassin de retenue, enfin, est tout à fait conquis sur la baie de Seine et présente une superficie de près de 60 hectares. Une écluse de chasse située à son extrémité aval permet de dégager la passe de l’avant-port, lorsque les ensablemens commencent à l’obstruer.

L’ensemble de tous ces ouvrages aurait largement suffi à maintenir à Honfleur son importance, et même aurait pu l’augmenter, si le redoutable voisinage du Havre et sa formidable puissance d’aspiration n’avaient déplacé les anciens courans commerciaux, absorbé au profit du nouveau-né toutes les grandes opérations maritimes, et monopolisé à peu près la navigation au long-cours. Malgré cette cause irrémédiable de décadence, Honfleur vit encore et présente même toujours une somme d’énergie et un mouvement sérieux. Ce n’est plus, à vrai dire, qu’une succursale du port qui lui fait face à une dizaine de kilomètres, de l’autre côté de la baie. Les laines, les cotons, les sucres bruts, les matières tinctoriales qu’il transmet toujours aux fabriques voisines, ne lui viennent plus directement de leurs pays de provenance, mais lui arrivent presque toujours par le crochet du Havre. La grande pêche elle-même a presque disparu ; mais la pêche côtière y est toujours très prospère. La riche culture maraîchère de tout le pays qui l’environne lui assure, en revanche, une exportation considérable de légumes, d’œufs, de beurre, de fruits, de volailles, de bestiaux, de céréales, de produits agricoles de toute nature, presque tous à destination de l’Angleterre. La grande consommatrice d’outre-Manche lui envoie en échange ses charbons et ses fontes ; et, comme tous les ports de la côte normande, Honfleur est en relations constantes avec la Suède et la Norvège, qui lui expédient leurs bois bruts et même à demi ouvrés. Ses