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des essaims à plus longue portée vont dévaster, sans chances de s’y établir, la vaste région temporaire formée par les territoires et les États plus voisins du Mississipi depuis le Texas jusqu’au Minnesota.

On n’avait pas su, jusque-là, d’où sortaient les acridiens (P. migratorius) qui ravageaient le sud de l’Europe orientale. L’opinion commune les faisait venir de la Perse ou du fond de l’Asie. Guidés par les idées des naturalistes américains, les naturalistes russes en découvrirent facilement le point d’origine. Le foyer permanent de ces essaims est, en réalité, comme l’a montré, en 1886, M. Krassilschik dans les terres et les îles basses de l’embouchure du Danube.

Il restait à fixer de même l’origine du criquet pèlerin et du stauronote marocain qui désolent l’Algérie. C’était, disait-on, le vent du désert qui les amenait du fond du Sahara. M. Künckel d’Herculais a montré, conformément aux idées de Riley, que ces insectes venaient chacun d’une contrée différente appropriée à ses conditions d’existence. Le stauronote a pour région permanente celle des hauts plateaux ; le Tell est sa région d’habitat sub-permanente et temporaire. Le criquet pèlerin, au contraire, ne peut se reproduire et subsister d’une façon continue, comme l’a vu M. Vienet, que dans les parties basses qui avoisinent les chotts de l’extrême sud où des pâturages subsistent pendant l’hiver. La faim, lorsque leur nombre augmente, les chasse en essaims, dans le Tell.


IV

La migration des acridiens est la conséquence évidente de leur abondante pullulation et de la nécessité de trouver leur subsistance sur des terres nouvelles. Mais les causes directes de la pullulation de ces insectes, les circonstances qui président à leur exode, à leur groupement en bandes, à leur marche en ordre mince ; enfin, l’irrégulière périodicité du retour de ces phénomènes restent profondément énigmatiques.

M. A. Giard a proposé une solution.

Il croit, avec A. H. Swinton, que la multiplication exagérée des acridiens, coïncide avec les années de minimum des taches solaires et présente la même périodicité, qui est sensiblement de onze années.

Quant à la manière dont s’exécute le mouvement en avant de ces armées d’acridiens, il est très utile, à tous les points de vue, de la connaître. Pendant les trois quarts de leur vie, ces insectes n’ont