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grosse mer du large par le rocher du Calvados. On a retrouvé, sur la grève et dans les environs, de vieilles médailles et quelques restes d’un petit aqueduc gallo-romain, et il se pourrait bien qu’il y ait eu là une sorte d’escale à l’origine de notre ère. Ce ne devait être en tout cas qu’un simple échouage. Les grandes barques y trouvent presque toujours un excellent mouillage. Deux cales inclinées permettent de hisser les embarcations à terre ; c’est tout, et c’est suffisant. La pêche du maquereau et du hareng y est très productive, et les marins d’Arromanches vont même à la recherche du congre assez loin au large et jusque dans les eaux de Portsmouth. Point de mouvement commercial, d’ailleurs ; mais les bains de mer y sont très fréquentés.

Tout comme Arromanches, Saint-Laurent Plage-d’Or, Asnelles, Ver, Bernières, Saint-Aubin, Langrune, Luc, Lion-sur-Mer et Riva-Bella, ne sont que de petits mouillages pour les barques de pêche et de modestes caboteurs, de charmantes stations pour les baigneurs, de délicieuses villégiatures pour les oisifs, de pittoresques sujets d’étude pour les artistes ; et les deux qui occupent les extrémités de cet admirable boulevard maritime, aussi mondain pendant trois mois de l’année que les villes d’eaux de la Suisse, portent même, comme on le voit, des noms de réclame, — Plage-d’Or et Riva-Bella.

Le mouillage qui existe à l’embouchure de la Seulles et qui en porte le nom, Courseulles, est devenu cependant un véritable port. Jusqu’au commencement du siècle, le cours très sinueux et envasé de la Seulles, réduite à mer basse à un très mince filet d’eau, ne permettait pas aux moindres navires d’y venir chercher un abri. Quelques barques affectées à la pêche du hareng et du maquereau venaient seulement s’échouer sur la plage, et le port se réduisait à la fosse naturelle de la rivière.

La transformation du port de Courseulles est due à l’extension qu’a prise depuis un certain nombre d’années le commerce des huîtres. Très peu au-dessous de la plage, formée de sable mêlé de galets, se trouve une couche épaisse d’argile bleue qui constitue un terrain de culture particulièrement favorable au développement du précieux mollusque. On ne sait trop pourquoi, mais c’est un fait et un résultat d’expérience qu’on ne peut nier. Le sous-sol imperméable se prête en outre merveilleusement à l’établissement de parcs où l’on peut élever les huîtres par centaines de millions. Courseulles, où l’on engraisse l’huître, est en