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deux kilomètres environ de la pointe qu’eut lieu, en 1129, le célèbre naufrage de la Blanche-Nef, qui portait les enfans de Henri Ier, roi d’Angleterre. Le port, précédé d’une grande et d’une petite rade foraines, s’enfonce dans une crique entourée de rochers et d’écueils et est assez bien protégé aujourd’hui par un épi et une digue de 200 mètres en beau granit. Il a près de 500 mètres de long ; mais il assèche entièrement aux basses mers des grandes marées, et les navires sont presque toujours obligés de rester dans la rade souvent fort agitée. Au XIVe siècle, son importance était double de celle de Cherbourg ; elle a bien décliné depuis.

Un peu au Sud de Barfleur, le mouillage de Saint-Waast présente, comme les précédens, des difficultés d’approche par tous les temps et des dangers sérieux avec certains courans de marée. On l’appelle quelquefois le port de la Hougue ; et ce nom rappelle le château fort qu’y fit construire Louis XIV, d’après les plans de Vauban, sur un petit îlot voisin rattaché à la terre par une belle jetée de granit. Le donjon, très pittoresque, de la fin du XVIIe siècle, est entouré de fortifications plus modernes ; et l’ensemble constitue un superbe décor, dans cette rade tristement célèbre, où l’on drague encore à basse mer, au milieu des algues et des coquillages, des débris de bordages, des chaînes, des ancres, des boulets, épaves de la malheureuse flotte perdue par Tourville.

Au-devant du bourg de Saint-Waast, l’île rocheuse de Tatihou forme une sorte de digue protectrice. Le port, qui n’est du reste qu’un havre d’échouage naturel et assèche complètement dans les très basses mers, est abrité à l’Ouest par la terre, au Sud par une grande jetée de 400 mètres, à l’Est par deux brise-lames discontinus, l’un de 260 mètres, l’autre de 160. Derrière ces brise-lames, les bateaux peuvent accoster le long d’un quai qui présente plus de 500 mètres de développement et à l’extrémité duquel on a disposé une cale de construction et de radoub. Tout cet ensemble pourrait donner à Saint-Waast une certaine importance. Le port en profite pour entretenir quelques relations commerciales avec la Baltique qui lui envoie ses bois, avec l’Angleterre qui lui expédie des houilles ; on y importe même un peu de coton brut et de guano. L’exportation, très inférieure, ne comprend que quelques produits agricoles. Le mouvement commercial a pu s’élever pendant certaines années à 15 000 tonnes ; mais