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baie d’Yffiniac, dans laquelle débouche le Gouet, est en quelque sorte ceinturée par une grande quantité de briques à rebord qui datent des premiers siècles, de notre ère[1].

Plusieurs maisons romaines ont été reconnues au milieu des grèves, entre Binic et Erquy. Les galeries des mines de Boexier, sur l’ancienne route de Saint-Brieuc à Lanvollon, ont écoulé quelquefois, après des inondations dues à de forts orages, des monnaies de l’empire ; et, tout à côté, le lieu désigné sous le nom de Port-Aurel est une petite nécropole où l'on trouve de nombreux débris de demeures de l’époque gallo-romaine, détruites par la mer, et où l’on peut assez bien reconnaître quelques traces de feu. Tout accuse donc un lent affaissement du sol. La mer gagne progressivement, et le flot sape peu à peu la falaise, qui glisse quelquefois en énormes avalanches que la vague a bientôt emportées. Affaissement général et morsure de la mer, ces deux causes concourent au même effet, qui est le retrait sensible de la côte depuis l’origine de notre ère.

Le port du Légué est à 1 kilomètre de Saint-Brieuc, à 2 kilomètres de l’embouchure du Gouet. Les bateaux remontent la rivière et pénètrent dans un grand bassin à flot établi sur la rive droite. Le Légué-Saint-Brieuc est un des premiers ports de France qui aient armé pour la pêche de la morue à Terre-Neuve. La grande pêche, qui s’est développée depuis quelque temps dans tous les ports de la baie, lui a enlevé une partie de ses marins. Mais le port commercial est resté très fréquenté, surtout par les navires norvégiens et anglais ; et son tonnage moyen est de près de 60 000 tonnes, dont un tiers seulement à l’exportation consistant en farines et céréales, les deux autres tiers principalement en houilles anglaises et en bois du Nord.

Après le Légué, le port le plus important de la baie de Saint-Brieuc est Paimpol. Il est admirablement situé dans une anse demi-circulaire de près de 3 milles d’ouverture entre deux caps avancés, la pointe de la Trinité et la pointe de Plouézec. Au fond de l’anse, une étroite langue de terre, la pointe de Guilben, la divise en deux petites baies : celle du Nord reçoit la modeste

  1. Geslin de Bourgogne, Du mouvement de la mer sur les côtes de Bretagne et de Normandie. Congrès scientifique de France, XXXVIIIe session. Saint-Brieuc, 1872. — René Kerviler, Études critiques sur la géographie de la presqu’île armoricaine. Mémoires de l’Association bretonne, 1873. — E. Desjardins, Gaule romaine, t. 1, ch. I, § 3.