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représailles russes en taisant les atrocités insurrectionnelles, il traîna dans la boue le généreux Wielopolski : « Oui, cet homme a été jaloux… de la gloire de qui ?… Il a été jaloux de la gloire de Hudson Lowe, ce tourmenteur d’un grand homme, et du général Haynau, ce fouetteur de femmes. Il les a dépassés tous deux, non dans le mal qu’ils ont fait, c’était impossible, mais comme tous les renégats et tous les traîtres, il a été encore plus loin que les autres. » Il n’épargne pas le Tsar quoiqu’on termes moins brutaux : « Si nous comparons la conduite des deux empereurs Nicolas et Alexandre II, je trouve sous Nicolas persécutions sauvages, mais franches ; sous Alexandre II, je vois d’excellentes intentions, beaucoup de promesses, mais des faits aussi déplorables pour ne pas dire pires. » On n’est tenu à rien envers lui pour l’assistance prêtée dans les affaires italiennes : « Quand on me rend un service et qu’en même temps on s’en rend un plus grand à soi-même, je n’en sais aucun gré. La Russie se rendait à elle-même un service plus grand qu’à nous : son but était de nous brouiller avec l’Angleterre pour que nous ne nous rencontrions pas avec cette puissance en Orient, et tout cela pour qu’elle-même fît plus facilement ses a flaires. » La Prusse n’est pas non plus épargnée pour sa convention avec la Russie : « C’est un acte de légèreté d’une imprudence inqualifiable, ou une connivence coupable ayant pour but de débarrasser les soldats russes des Polonais opprimés et de frapper sur les paysans russes mécontens de la manière dont était faite l’émancipation. » C’est à l’Autriche, pour la première et dernière fois de sa vie, qu’il adresse une parole quasi aimable : « Sa politique l’étonne, mais le satisfait jusqu’à un certain point. » Il essaie de mettre l’Empereur en contradiction avec lui-même. Il cite des fragmens de ses œuvres, rapporte qu’en 1831, il partit sur un appel des insurgés et s’arrêta aux frontières on apprenant le sac de Varsovie. « Il faut faire quelque chose. Si on dit que c’est impossible, je soutiens qu’il y a quelque chose de plus impossible encore, c’est de ne rien faire. On a dit : Pour un grand pays, parler sans agir, c’est mauvais. Nous sommes d’accord, c’est très mauvais et ce n’est pas digne. Mais il y aurait quelque chose de pire, c’est, quand on n’agit pas, de ne pas parler non plus. Mais je n’admets pas qu’on ne fasse rien. Je le répète à satiété : j’ai confiance dans le gouvernement de l’Empereur, il fera ce qu’il pourra et devra faire. Mais faire quoi ? Invoquer