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l’hostilité implacable de partis décidés à ne se contenter que de ce qu’il était impossible de leur accorder.

Une fois encore, il dépendit de la Pologne de s’assurer une destinée meilleure. Elle s’y refusa avec une étourderie affligeante ; aux réformes elle répondit par un redoublement de chants séditieux, par un deuil national, par des attentats. Plus Wielopolski apportait, plus la haine contre lui augmentait. Blancs et rouges, émigrés et résidons le couvrirent de calomnies : ses réformes n’étaient qu’une comédie ; si la Russie désirait se réconcilier avec la Pologne elle n’avait qu’à renvoyer le traître et à s’en aller avec lui, après quoi on lui donnerait quittance. L’insurrection se préparait presque ouvertement ; la date seule en était indéterminée. Wielopolski crut la déjouer en ordonnant un recrutement militaire selon la loi russe de 1815 : il en hâta l’explosion. Il réussit du moins en ceci, que celle insurrection mal préparée, sans armes, le premier mouvement de surprise dominé, fut facilement battue et réduite.

Si la Pologne et la Russie eussent été laissées tête à tête, Wielopolski aurait pu conduire à bonne lin son œuvre d’autonomie traversée par la révolte de la rue. Le langage et l’attitude du Tsar ne permettaient pas de douter de cette heureuse solution. Après une parade d’un régiment des gardes du corps Alexandre réunit les officiers, leur apprit le soulèvement et dit : « Je ne rends pas la nation polonaise responsable de ces événemens dans lesquels je vois l’action du parti révolutionnaire qui s’efforce de détruire partout l’ordre légal. » Gorstchacof disait : « Il est heureux que cet abcès soit mûr ; maintenant on pourra le percer et ensuite appliquer le régime deux et conciliant. » — « Lorsque le gouvernement, écrivait-il dans le Journal officiel, n’aura en présence que la population paisible des villes et des campagnes qui vit d’ordre et de travail, il ne demandera pas mieux que d’en revenir à l’ordre légal qu’il a lui-même inauguré. »

Ainsi la révolution toute seule n’aurait pas réussi à anéantir la Pologne une dernière fois : la diplomatie s’en chargea.


III

L’émigration avait travaillé à préparer l’intervention étrangère avec non moins d’activité que le Comité occulte à organiser l’insurrection. A l’aide d’agences, dont le siège principal était à