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furent chassés de la Terre Sainte, Louis VII les accueillit en France, leur donna la terre de Boigny, près d’Orléans, et, aux portes de Paris, une maison qui devait servir d’asile pour les lépreux, c’est-à-dire de maladrerie. La lèpre était désignée sous le nom de mal de Saint-Lazare. Saint-Lazare fut considéré comme le patron des lépreux, par suite d’une confusion populaire entre Lazare, le frère de Marie et Marthe, ressuscité par Jésus-Christ et canonisé par l’Eglise, et le mendiant couvert d’ulcères dont il est question dans la parabole du mauvais riche.

Mais ces lazarets, ces maladreries, fondés par des seigneurs charitables, et auxquels, dans la suite, d’assez grands biens furent légués, étaient-ils destinés uniquement aux lépreux ; ou, plutôt, n’étaient-ils pas, très souvent, des hôpitaux affectés aux maladies communes ? Cette opinion a été soutenue, autrefois, par M. Labourt.

Quoi qu’il en soit, les ordonnances royales avaient posé, en faveur des lépreux, le principe de l’assistance locale. Les communes ou les paroisses devaient leur fournir le logement et le vêtement. De leur côté, ils devaient se résigner à l’internement dans la maladrerie ou à l’isolation, et se soumettre aux prescriptions réglementaires.

Ces règles étaient à peu près partout les mêmes. La coutume de Lille, celle de Mons, celle du Hainaut les reproduisent, à quelques variantes près.

L’homme entaché de lèpre devait être conduit aux épreuves, par les échevins ; c’est-à-dire soumis à l’examen d’un jury composé de sept incontestables et authentiques lépreux, des maladreries. Si l’examen avait un résultat positif, l’homme devait être isolé. On lui fournissait, aux dépens de l’aumône publique, une logette en dehors de la ville, c’est-à-dire une cabane ou maisonnette construite sur quatre poteaux. On lui donnait, de plus, un mobilier sommaire, quelques ustensiles de cuisine, un grand chapeau, un manteau gris, des cliquettes et une besace. A la mort du malade, tout cela devait être brûlé.

Il était interdit aux lépreux de pénétrer dans la ville. Celle interdiction était levée, dans certains pays (Mons, Marseille), pendant quinze jours avant Pâques et huit jours avant Noël. Il lui était défendu d’entrer dans les églises, aux marchés, aux moulins, aux fours où l’on cuit le pain ; de se laver les mains dans les ruisseaux et les fontaines ; de désigner les denrées, vins