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s’empara de la Corse, de Minorque, de plusieurs villes d’Espagne ; en Orient, elle devint propriétaire, par l’intermédiaire de quelques-unes de ses familles patriciennes, de Chio, de Lesbos, de Lemnos et d’autres îles ; elle acquit une influence considérable à Constantinople : jusque dans les hautes vallées du Caucase, les Génois construisirent ces tours qui étaient comme le symbole de leur autorité et dont plusieurs subsistent encore. Les guerres de la République génoise contre Venise sont historiques. Le souvenir de ses luttes contre Louis XIV n’est pas perdu, non plus que celui de la visite du doge Impériale Lescaro à Versailles. Mais c’est à notre époque qu’il était réservé de voir l’antique cité de Saint Georges reprendre son rang : l’ouverture des tunnels subalpins lui a assuré une situation privilégiée pour le commerce du nord-ouest de l’Europe. La barrière de hautes montagnes qui enferme le bassin septentrional de cette partie de la Méditerranée, s’opposait à tout développement intense du trafic : du jour où le Saint-Gothard fut percé, un horizon nouveau s’ouvrit ; le tunnel du Simplon, bientôt achevé, amènera encore d’autres élémens de trafic à Gênes, qui retrouve, au XXe siècle, l’activité qui la rendit fameuse au moyen âge.

Les travaux modernes d’agrandissement du port furent commencés en 1877, à la suite de la loi du 9 juillet 1876, qui approuvait la convention passée avec le duc de Galliera : ils comprenaient la construction du môle occidental, dit de Ferrari-Galliera, qui, parlant du môle neuf, se dirige vers le sud par un premier bras de 657 mètres et se replie ensuite vers l’est-sud-est par un second bras de 843 mètres, et celle du môle oriental, appelé James, qui part de la côte de Carignano dans la direction ouest-sud-ouest, sur une longueur de 595 mètres. Ces deux môles forment un avant-port, dont l’entrée est large d’environ 650 mètres, et la superficie couvre une centaine d’hectares. Au point le plus abrité ont été construits deux bassins de carénage, dont l’un a une longueur de 200 mètres. Un large quai part de ces bassins, se dirigeant vers le vieux môle, où sont construits des magasins, munis des meilleurs engins pour l’embarquement et le débarquement des marchandises. A l’intérieur du port existent de nombreux quais saillans, qui non seulement accroissent la surface utilisable, mais permettent aux navires de profiter des grues hydrauliques installées de tous côtés. Tous les quais sont desservis par des voies ferrées, aboutissant à une station centrale