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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin.


Nous avons déjà dit un mot, il y a quinze jours, de la nouvelle commission du budget de la Chambre des députés et des inquiétudes sérieuses qu’elle devait inspirer : la suite n’a pas tardé à prouver que cette impression était légitime. Mais, à côté de la commission du budget de la Chambre, il y a la commission des finances du Sénat, qui a été nommée quelques jours après et qui présente un caractère assez différent. Non pas que la commission du Sénat ne soit pas ministérielle ; elle l’est certainement dans sa majorité ; mais le ministère, s’il est en principe, c’est-à-dire pour la forme, partisan de l’impôt global et progressif sur le revenu, est tout à fait d’avis qu’à l’heure actuelle il est impossible d’incorporer cette réforme dans le prochain budget. C’est aussi ce que pense la commission des finances du Sénat. Dans tous les bureaux, le jour où elle a été élue, une majorité très nette et presque l’unanimité s’est formée contre ce qu’on appelle l’incorporation de la réforme dans le budget de 1902. M. Magnin, qui devait être vingt-quatre heures plus tard nommé président de la commission, a exprimé le sentiment général en disant : « Jamais on ne me fera voter la suppression des quatre contributions et leur remplacement par l’impôt général sur le revenu en trois semaines. » Or, c’est bien de cela qu’il s’agissait dans la pensée de nos réformateurs, car trois semaines à peine nous séparent du moment où la session parlementaire sera close. C’est une sorte de défi au sens commun de vouloir, en si peu de temps, opérer toute une révolution dans notre système fiscal. Encore faut-il dire que, de ces trois semaines, les deux premières seront consacrées par la Chambre à discuter la loi sur les retraites ouvrières, et par le Sénat à discuter la loi sur les associations, sans parler du jugement en Haute Cour de M. de Lur-Saluces.