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des graines de pulpus fluximus, plante rare des tropiques. — Combien faut-il de temps pour que la plante sorte de terre ? — Environ quinze jours. » Rendez-vous est pris avec Emile Augier. Quinze jours après, au moment où les deux amis achevaient de dîner, le jardinier se fait annoncer : « Monsieur Meissonier, les plantes sont sorties de terre ; vous plairait-il de venir les voir ? — Ah ! pour le coup, c’est trop fort ! » s’exclame le peintre. On descend au jardin ; le jardinier soulève une cloche de verre ; de la couche de terreau émergeait... une triple rangée de museaux de harengs saurs.

Quoi qu’il en soit, l’enseignement donné à Versailles paraît bien entendu et bien dirigé. Former des jardiniers capables et instruits, des chefs de culture pour les écoles pratiques d’agriculture et les écoles normales, des professeurs d’horticulture et des architectes paysagistes, des agens sérieux pour les divers services publics ou privés, des horticulteurs, des pépiniéristes, des maraîchers, etc., voilà le but. Arboriculture fruitière de plein air ou de primeur ; arboriculture d’ornement et multiplication des végétaux ; culture potagère de plein air ou de primeur ; floriculture de plein air et de serre ; botanique ; pépinières ; architecture des jardins et des serres ; physique et météorologie ; chimie, minéralogie et géologie ; zoologie et entomologie horticoles ; arithmétique ; lever de plans, nivellement, géométrie ; dessin linéaire de plantes et d’instrumens de jardinage ; langue française, langue anglaise ; comptabilité ; voilà les matières de l’enseignement : il dure trois ans ; les élèves sont Français, âgés de 16 ans au moins, de 26 au plus, externes, soumis à des examens d’entrée et de sortie : il y a des boursiers de l’État, des départemens, des villes et des sociétés agricoles ; l’École admet exceptionnellement les étrangers, aux mêmes conditions que les nationaux, si ceux-ci ne remplissent pas l’effectif réglementaire. On considère les élèves comme des garçons jardiniers chargés d’exécuter tous les travaux, les plus délicats et les plus minutieux, comme les plus pénibles. Au XVIIIe siècle, les directrices du couvent aristocratique de l’Abbaye au Bois avaient divisé tous les services de la maison en un certain nombre d’obédiences où chaque élève demeurait à tour de rôle pendant quelque temps. Nous retrouvons ici le même principe : la culture des primeurs, l’arboriculture fruitière de plein air et de serre, la floriculture de plein air, la floriculture de serre, la culture potagère de