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50 000 arbustes de pleine terre, 100 000 rosiers, 25 000 héliotropes, pélargoniums et autres plantes molles, 3 000 arbustes de la Nouvelle-Hollande, 20 000 plantes ordinaires de serre chaude, 50 000 gesnériacées, 30 000 fougères, 4 000 palmiers et cycadées d’importation ou de graines, 20 000 plantes vivaces, 20 000 conifères, 25 000 arbres fruitiers, 10 000 rhododendrons, magnolias, 600 000 jacinthes, tulipes, amaryllis, etc. Depuis 1874, que d’améliorations dans la culture, quelle augmentation du matériel !

En 1894, la société « Bruxelles-Attractions » instituait un concours pour l’ornementation florale des balcons, fenêtres, façades, galeries : le succès fut considérable, et les concours de balcons fleuris font la joie des citadins, montrent que, dans toutes les classes de la société, le goût des fleurs gagne de proche en proche. Cette idée charmante, dont nous commençons à faire notre profit, avait été réalisée déjà, sous une autre forme, en Angleterre ; dans une pensée de moralisation. un comité de dames a institué des concours pour la culture des plantes sur les fenêtres : graines et boutures étaient distribuées aux artisans et ouvriers qui en faisaient la demande. Ainsi les fleurs devenaient des professeurs de bonheur, de douceur et de tolérance, des apôtres de grâce et de vertu, des antidotes de théories communistes : avoir à soi quelques roses, quelques géraniums, serait-ce assez parfois pour se sentir propriétaire, pour comprendre la nécessité du tien et du mien ? Si la charité du pauvre consiste à ne pas haïr le riche, quels plus charmans intermédiaires pouvait-on choisir entre l’un et l’autre, des intermédiaires qui sont encore des symboles d’égalité, et font sentir le prix de la beauté ? Mais à leur tour, ces concours de balcons fleuris n’auraient-ils pas une origine très ancienne ? J’ai lu quelque part que les protestans français réfugiés à Londres après la révocation de l’Edit de Nantes mettaient, pour se reconnaître, des pots de fleurs sur leurs fenêtres.

Il faut donc que l’horticulture devienne de plus en plus une amitié de l’homme avec la nature ; et l’on ne saurait trop encourager le progrès du goût des fleurs dans le monde rural et ouvrier, parmi les enfans. La société botanique de la ville de Lierre s’occupe avec succès de la culture populaire des plantes. Par exemple, elle distribue aux meilleurs élèves des quatre écoles gratuites de la ville deux petites plantes de fuchsia, rempotées dans de la bonne terre substantielle. Afin d’éviter toute fraude,