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LA DÉFENSE DE LA LÉGATION DE FRANCE.

Sir Claude Macdonald répond au Yamen qu’il est impossible d’envisager la question du départ et de la discuter avant d’avoir des explications sur la reprise partielle des hostilités (attaques sur nous, sur le Pé-t’ang, construction de barricades, de tranchées, etc.).

Sir Robert Hart reçoit une dépêche chiffrée et une lettre du Yamen qui lui demande de télégraphier au nom de tous les ministres pour rassurer les gouvernemens. Il est probable que ceux-ci, enfin inquiets sur le sort de leurs nationaux et désirant au moins savoir s’ils sont morts ou vivans, pressent de demandes les Chinois, qui préfèrent alors s’adresser à Sir Robert Hart, grand mandarin, et leur ami, dans l’espoir qu’il voilera un peu la vérité.

1er  août. — La fameuse attaque annoncée a dû être remise : car nous n’avons reçu que quelques coups de fusil qui nous ont tenus éveillés toute la nuit

L’espion apporte la nouvelle que nos troupes, attaquées à Tong-Tcheou, ont été refoulées et obligées de battre en retraite jusqu’à Mâ-téou. Cette nouvelle, qui vient brusquement détruire toutes nos espérances et reculer indéfiniment la date de notre délivrance, est accueillie avec un profond scepticisme. Tout le monde commence à se défier de ce rusé Chinois, qui pourrait bien profiter des circonstances et faire manœuvrer nos troupes de façon à accumuler le plus possible de piastres dans son bas de laine. Nous conseillons même au colonel Shiba de le retenir prisonnier le lendemain, et de le garder jusqu’à ce que nous ayons reçu des renseignemens exacts sur la position et les mouvemens de la colonne de secours.

D’après un télégramme de Londres adressé à sir Robert Hart, la dépêche de M. Conger, ministre d’Amérique, est connue maintenant du monde entier, et on s’occupe activement de nous. Allons ! tant mieux !

Les ministres reçoivent une lettre du Tsung-Li-Yamen : « Nous savons que ce sont les chrétiens qui vous retiennent dans Pékin et vous empêchent de partir ; mais nous espérons que vous ne serez pas leurs dupes, et nous vous demandons de nous faire connaître, avant deux ou trois jours, la date de votre départ pour Tien-tsin. »

Enfin, à cinq heures du soir, nous recevons les premières nouvelles importantes, les premiers renseignemens sérieux sur