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tous les maç.-.. En effet, le secret maç.-. n’est pas si complètement gardé qu’il n’en transpire quelque chose au dehors de nos temples, et nous nous demandons quelle figure va bien pouvoir faire notre F.-. Reinach quand il rencontrera un de ces ralliés qu’il a si bien châtiés. Oh ! comme il semblait, durant tout ce discours, que le grand orateur que nous pleurons, soulevant la pierre de sa tombe, était venu demander pardon des fautes que son patriotisme lui fit commettre, s’excusant de la nomination de celui-ci parce qu’il le croyait bon général, ou de celui-là parce qu’il eût pu se faire acheter ailleurs. Si nous ne nous trompons, La Fontaine a parlé du cas du F.-. Reinach dans sa fable du Pavé de l’Ours, mais nous pouvons nous tromper. D’ailleurs le F.-. Reinach a été fort applaudi, car il a su, en terminant, toucher la fibre patriotique si sensible à l’Alsace-Lorraine. »

Tel est le document.

Le mot de « ralliés, » celui de « parti gambettiste, » sont suspects à M. Reinach ; il s’est en ces dernières années trop exercé dans la critique des textes pour que nous le sui\ions sur ce terrain. A quoi bon, d’ailleurs ? Cette façon de science ne saurait prévaloir contre un fait. Le Bulletin que nous citons se trouve à la Bibliothèque Nationale sous la cote 8° H, 594, car, il y a quinze ans, les périodiques maçonniques n’étaient pas encore soustraits à la formalité du dépôt légal. Le passage que nous en avons extrait se peut lire dans le numéro de janvier 1885, pages 305 et 306.

Avons-nous besoin d’ajouter que nous n’avions point attendu l’invite de M. Reinach pour lire son remarquable livre sur le Ministère Gambetta ? Dans l’article même dont il s’occupe, aux pages 150 et 152, nous y avons fait plusieurs emprunts.

Nous avons longuement insisté, dans cet article, sur la largeur d’esprit, sur la hauteur de vues, qui amenèrent Gambetta, en maintes circonstances, à préférer les intérêts réels de la défense nationale aux intérêts factices d’une prétendue défense républicaine ; les lignes que nous adresse M. Joseph Reinach nous en sont une preuve nouvelle ; que cette preuve soit la bienvenue.


GEORGES GOYAU.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.