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dernières figurent les grêlons et celles-là les deux nuages[1].

Du temps de Volta, les savans ne possédaient sur la constitution de notre atmosphère, sur les nuages, sur les températures des hautes couches de l’air, que des notions insuffisantes. Aujourd’hui, nous sommes plus instruits. Essayons de résumer les données utiles à notre troisième et dernière explication, qu’on aura droit de trouver bien insuffisante encore.

Les premières ascensions scientifiques en ballon fournirent des résultats approximatifs constatant l’extrême froid qui règne dans les régions élevées de l’atmosphère. Mais dès qu’on essayait de coordonner ces notions, on se heurtait à d’énormes divergences. Ce n’est que tout récemment que l’on a acquis des connaissances assez complètes au moyen de « ballons-sondes. » On sait que ces aérostats sont munis de deux appareils enregistreurs, l’un barométrique qui dénote l’altitude atteinte par le ballon au sein des airs, l’autre thermométrique qui inscrit les températures correspondantes. En coordonnant les résultats acquis au moyen de certains de ces instrumens lâchés dans le ciel, on n’obtient pas encore une loi simple, mais enfin le chaos primitif se débrouille un peu. Résumons, par exemple, quelques règles déduites des expériences toutes récentes (1898-1899) de M. L. Teisserenc de Bort, à Trappes près Paris.

Tout le monde sait qu’en hiver il arrive souvent que la température de 0° règne à la surface du sol et même un peu plus bas jusqu’à une certaine profondeur. En été, la surface fictive qui réunit les points de l’atmosphère qui jouissent de cette température, la surface « isotherme » de 0°, comme disent plus brièvement et aussi clairement les météorologistes, peut s’élever à des hauteurs très variables et atteindre 4 000 mètres d’altitude. L’isotherme de — 25° naturellement ne touche pas le sol dans nos climats tempérés, sauf occasionnellement lors de certains froids historiques, mais, de 1898 à 1899, elle ne s’est jamais abaissée au-dessous de 3 000 mètres, même en hiver, et elle s’est élevée à 8 000 (septembre 1898). L’isotherme de — 40° se balance entre 6 000 et 9 000 mètres : celle de — 50° oscille

  1. L’expérience se modifie à l’infini. Certains expérimentateurs lui ont donné une forme plus scientifique : celle du carillon électrique dont les premiers observateurs se sont servis pour étudier l’état électrique de l’atmosphère. D’autres constructeurs remplacent, à la grande joie des écoliers, la collection de balles par un pantin grotesque découpé dans de la moelle de sureau et qui exécute entre les deux pôles métalliques une danse échevelée.