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à supprimer les organes les plus endommagés ; on se bornera à traiter de nouveau en vue du mildew et du black-rot et à continuer cultures et façons.

Mais, — on le comprend très bien, — en dehors de ces deux circonstances extrêmes, il peut s’offrir des cas intermédiaires. Taillera-t-on ou ne taillera-t-on pas ? Le procédé donnera des résultats très passables à tel agronome ; celui-ci le recommandera, lors de la prochaine grêle survenant à la même date, à ses voisins qui, s’en trouveront fort mal. Pourquoi ? C’est que la question dépend d’une foule de circonstances dont nul ne saurait estimer le coefficient exact. On peut savoir à quoi s’en tenir sur l’état actuel du vignoble après le fléau, sur la constitution du sol, la vigueur des souches, les soins qu’elles ont reçus, mais personne ne peut prévoir comment l’été finira, comment l’automne et l’hiver surviendront, quels seront les accidens à venir, etc. Alors on agit « au petit bonheur, » et tel, qui opérait avec confiance sur tout son vignoble, échoue, tandis que celui qui appliquait avec répugnance la taille à quelques ceps d’ores et déjà sacrifiés réussit parfaitement bien.

Ajoutons que les jeunes pousses, que, taillé ou non, l’infortuné végétal développe sous l’impulsion d’un effort suprême, sont une proie facile pour les maladies cryptogamiques, si on ne les « cuirasse » de vitriol bleu, suivant l’expression consacrée. On sait que le mildew épargne relativement une feuille d’un certain âge et déjà durcie, et ravage sans peine un organe encore tendre dont la résistance vitale est insuffisante.


III

Nous avons fourni quelques indications sur la nature de la grêle, signalé vaguement ses préférences, qui n’ont rien que de très relatif, montré ses effets ; en somme, nous avons résumé surtout des faits incontestables d’observations, dont beaucoup résultent de la tradition agricole sans qu’il soit besoin, pour les confirmer, du témoignage des hommes de science. Mais, si nous interrogeons ceux-ci sur l’origine de la grêle, sur les causes de ce météore, nous nous heurtons à un des problèmes les plus ardus de la physique du globe. Nos lecteurs auront pu le prévoir : un phénomène variable à l’extrême dans sa réalisation, dans ses circonstances, ne saurait a priori provoquer une explication simple.