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en examiner la structure. Brisons-le au préalable. Nous distinguerons alors un noyau central, et ce noyau ne sera autre que le pacifique grain de grésil. Phénomène innocent ou fléau redoutable, les deux manifestations atmosphériques ont même origine et dérivent de causes semblables.

La forme générale, au premier coup d’œil, se rapproche assez de celle d’une sphère ; mais un examen plus attentif révèle déjà de sensibles anomalies par rapport à la figure théorique. Souvent, moins un grêlon est petit, moins régulier est son aspect. La sphère s’aplatit souvent en disque ou lentille ; fréquemment aussi elle s’allonge et dégénère en poire, en larme. Encore arrive-t-il dans bien des cas que, la base de la larme ou de la poire demeurant arrondie, les flancs s’aplanissent en exhibant quatre arêtes plus ou moins vives. M. Élie de Beaumont, à la suite d’une chute de grêle tombée sous ses yeux à Clamart le 14 mai 1837, crut observer dans les grêlons une forme constante relativement simple, mais que nous ne saurions définir sans user, bon gré, mal gré, du langage de la science : il s’agissait d’un polyèdre ou « angle solide » à base sphérique, le centre de la sphère coïncidant avec la pointe de la pyramide. Il semblait qu’une boule se fût agglomérée pour éclater ensuite sous l’effort d’une dislocation interne. Signalée à l’Académie des sciences, cette curieuse hypothèse de l’inventeur du système pentagonal fut confirmée bientôt par une lettre du savant astronome anglais Airy, dont les recherches ont embrassé certains points curieux de l’optique et de la minéralogie. Suivant Airy, la figure assez régulière des grêlons observés à Clamart constituait la forme type normale. Par malheur, les observations ultérieures n’ont pas confirmé l’hypothèse d’Élie de Beaumont et d’Airy. Comme dans une véritable poire d’ailleurs, la base du grêlon est ordinairement trop plate ou trop peu ronde pour satisfaire à la théorie, et il faut renoncer à démêler dans ces blocs de glace une forme simple et régulière.

La structure intime d’un grêlon n’est pas non plus homogène. A une couche de glace transparente succède une couche adjacente de nature opaque. Rien de plus facile à expliquer que cette différence d’aspect : lorsque les petites masses de glace qui s’ « intègrent » pour former les gros cristaux s’entassent bien régulièrement les unes à la suite des autres suivant une même loi, la glace est transparente ; lorsque la combinaison d’assemblage