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3 550 Chinois, et coûte à peu près le dixième de ce qu’il rapporte ; en d’autres termes, il exploite à environ 10 pour 100 des recettes.

A côté des douanes maritimes, qui ne frappent que les marchandises transportées par navires étrangers, existent les douanes indigènes, sorte d’octrois, appelés Likin, qui imposent aux jonques du pays des droits souvent différens du tarif applicable aux premiers. Les likins datent à peine d’un demi-siècle et n’ont commencé à être appliqués à tout l’empire que vers 1860, pour remplacer en partie l’impôt foncier, qui ne rentrait plus dans certaines provinces, et fournir les ressources nécessaires à la répression de la révolte des Taïpings. La levée du likin est autorisée par un décret impérial, à la suite duquel les autorités provinciales établissent un bureau central et indiquent les endroits où seront placées les stations secondaires. Ces barrières, très nombreuses, se suivent, par exemple le long du grand canal, à une trentaine de kilomètres de distance les unes des autres. Un tarif existe, mais en réalité n’est pas appliqué : il se produit un marchandage continuel entre les transporteurs et les fonctionnaires chargés de percevoir les droits, qui s’accordent souvent sur un abonnement : la Chambre syndicale des tissus de Shanghaï avait ainsi un forfait annuel pour ses envois à Soutchéou, qui constituait pour elle un avantage, les autres transporteurs payant des redevances plus considérables. Les mandarins, en imposant le producteur ou le premier acheteur, éludent la clause des traités qui ordonne que les marchandises importées ou exportées par les étrangers n’acquitteront que les droits de douane impériale. D’autre part, en dehors des ports ouverts, il existe dans un grand nombre de villes, sur la côte et à l’intérieur, des douanes locales, appelées kwan, et distinctes du likin. Cette catégorie de revenus a diminué à mesure qu’un plus grand nombre de ports s’ouvraient au commerce étranger ; le produit n’en figure au budget que pour 1 million de taëls, somme certainement très inférieure à celle que les autorités locales perçoivent de ce chef.

L’opium indigène, imposé au tiers de celui qui s’importe, ne fournit que 2 millions, tandis que le second en acquitte environ 6 entre les mains des douanes maritimes. Depuis le traité de l’opium (1885), les droits sur l’opium indigène sont directement remis au gouvernement central. Il y a dix-sept ans,