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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril.


Le Midi est en fête. M. le Président de la République a profité des vacances parlementaires pour aller visiter le Côte d’Azur, où sa présence devait provoquer des manifestations du plus haut intérêt. Les étapes principales de son voyage ont été Nice, Villefranche et Toulon. Un grand concours de population s’est produit autour de lui, dans un cadre admirable, avec la vivacité d’impressions propre à ces régions favorisées du soleil. Cependant ce voyage de M. Loubet aurait ressemblé à beaucoup d’autres, si la présence à Toulon d’une flotte italienne, sous les ordres du duc de Gênes, ne lui avait pas donné un caractère particulier. On ne s’est trompé nulle part sur la signification de l’événement : il témoigne d’une transformation que les gouvernemens français et italien se sont appliqués à rendre sensible dans les rapports des deux pays. Cette transformation ne date pas d’hier assurément ; depuis assez longtemps déjà on la préparait des deux côtés de la frontière ; il a fallu du temps, de la patience, une grande bonne volonté réciproque, une diplomatie habile à tout ménager, pour la rendre possible. Il suffit de reporter ses souvenirs à quelques années en arrière pour se rendre compte du chemin qui a été parcouru. De tout temps, les rapports avaient été corrects entre Rome et Paris ; mais ils l’étaient avec froideur, et la sympathie y faisait défaut. Les deux nations ont également souffert de cet état de choses, dont il est en ce moment inutile de rechercher l’origine et d’attribuer la responsabilité, soit à l’une, soit à l’autre. Tout cela appartient au passé. Il semble qu’une lumière nouvelle éclaire le présent, et nous sommes au nombre de ceux qui en éprouvent la plus sincère satisfaction.

On écrira plus tard l’histoire de ce rapprochement politique, et on verra alors que les gouvernemens actuels des deux pays, leurs mi-