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il aura besoin. En admettant, ce qui ne fait pas doute, que les établissemens industriels, les compagnies de chemins de fer, les grandes maisons de commerce et même les sociétés de secours mutuels s’engagent à subventionner l’entreprise en payant la pension des malades qu’elles y enverront, il faut prévoir le cas où cette pension serait insuffisante pour couvrir la totalité des frais. D’autre part, le sanatorium doit pouvoir accepter des malades isolés, leur accorder remise partielle ou totale des frais de séjour et même secourir pendant le temps de la cure les familles qui ; l’absence de leur chef laisse dans la misère.

C’est pour répondre à ces multiples besoins qu’a été fondée l’Œuvre des sanatoriums populaires, actuellement présidée par le docteur Landouzy. Cette institution, distincte de la société du même nom, est appelée à la compléter en recueillant des dons et des cotisations annuelles, qui fourniront l’appoint nécessaire ; elle remplira utilement, vis-à-vis des malades et de leurs familles, la mission de relèvement moral et d’appui matériel qui rendra durables les guérisons obtenues : à cet égard, les noms déjà inscrits au comité des dames patronnesses lui sont une sûre garantie de succès. Bientôt l’Œuvre sollicitera la reconnaissance d’utilité publique qui lui permettra d’élargir sa base et de recueillir les fondations bienfaisantes que sa propagande ne manquera pas de susciter.

Il serait vain de chercher à se le dissimuler : la tâche entreprise est immense. Pour la mener à bien, ni le zèle, ni l’activité ne suffisent ; il faut des capitaux considérables, que l’Etat obéré de dépenses est incapable de fournir. Ces capitaux, les promoteurs de l’œuvre les demandent à la contribution volontaire de tous les Français.

La question est assez grave pour faire taire toutes les divergences d’opinion et de parti. La France, isolée au milieu de peuples jeunes et forts, dont la croissance rapide menace de la submerger, se voit enlever chaque année par la tuberculose 150 000 de ses enfans. Pour triompher du fléau qui la dévore, un effort énergique est nécessaire : cet effort est dès aujourd’hui commencé. Tous les bons citoyens tiendront à honneur de s’y associer selon leurs forces.


HENRI BARTH.