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montrer la guérison prochaine comme prix de leurs efforts et de leur volonté.

Les résultats acquis dès à présent sont très satisfaisant ; plus des deux tiers des malades, après trois mois de séjour au sanatorium. présentent toutes les apparences d’une guérison complète. et sont en état de reprendre leur travail ; parmi ceux qui ont été soignés depuis plus de trois ans, un quart à peine ont vu leur mal reparaître.

Au point de vue de la prophylaxie publique, le but poursuivi est pleinement obtenu : autant de tuberculeux soignés au sanatorium, autant de foyers de contagion familiale éteints ; ceux mêmes qui ne guérissent pas complètement rapportent de l’établissement de cure une idée nette de leur maladie, et le souci de se bien soigner : ils prêchent d’exemple et répandent autour d’eux les notions d’hygiène et de propreté qui constituent la meilleure sauvegarde contre la diffusion de la maladie.

Enfin, au point de vue économique, la reprise de l’activité laborieuse par des gens qu’on pouvait croire voués à l’incapacité définitive constitue pour la société un bénéfice appréciable que les statisticiens ont essayé de chiffrer en argent.

Si l’on évalue à 900 francs le salaire moyen d’un ouvrier en Allemagne et à trois ans la durée de la survie déjà acquise, on arrive au chiffre de 2 700 francs, soit plus du triple de la somme dépensée pour la cure. Mais il faut voir les choses de plus haut et considérer l’avenir. Dès maintenant, et bien que le mouvement d’opinion en faveur des sanatoriums populaires ne date guère que de cinq à six ans, la mortalité tuberculeuse a diminué d’un sixième dans les différentes provinces de l’empire allemand, alors que, chez nous, elle ne cesse d’augmenter. Après un pareil début, quelles espérances nos voisins ne sont-ils pas autorisés à concevoir ?


VI

On le voit : dans cette question vitale comme dans beaucoup d’autres, notre pays s’est laissé devancer. Pendant qu’ailleurs on agit, chez nous on délibère, on attend l’impulsion des pouvoirs publics, qui, à leur tour, attendent pour se mettre en mouvement que l’opinion leur montre la voie à suivre.

Jusqu’à ces dernières années, la lutte contre la tuberculose,